Le câblo-opérateur américain Comcast (NASDAQ:CMCSA) a proposé mardi d'acheter le groupe de télévision britannique Sky pour 22,1 milliards de livres (25 milliards d'euros), soit davantage que l'offre concurrente du géant américain Fox de la famille Murdoch.
Voyant une "opportunité stratégique d'acquérir un leader de la production et la diffusion de contenus au Royaume-Uni et en Europe", Comcast propose de racheter chaque action Sky pour 12,50 livres, soit 11% de plus que la valeur de l'action à la fermeture de la Bourse de Londres lundi.
Après cette annonce, l'action Sky s'est envolée, terminant la journée à 13,315 livres (+20,50%), après avoir dépassé le seuil de 13 livres pour la première fois depuis 18 ans.
L'entreprise américaine dit vouloir racheter la totalité de Sky, et procèdera au rachat si elle obtient "50% des parts plus une action".
"Nous disposons déjà d'une forte présence à Londres, et Comcast a l'intention d'utiliser Sky comme plate-forme pour sa croissance en Europe", a déclaré dans un communiqué Brian Roberts, le PDG de Comcast.
"Nous voulons développer les activités de Sky, et nous croyons qu'il existe d'importantes possibilités de croissance en combinant ces entreprises".
Comcast a assuré vouloir respecter "les normes et l'impartialité de l'information" du groupe Sky, diffuseur de la chaîne d'information en continu Sky News, un aspect qui pourrait être scruté par les autorités britanniques.
Ce rachat représenterait une opération majeure pour Comcast, étant donné "la position de quasi-monopole de Sky sur la télévision par satellite au Royaume-Uni", juge Jasper Lawler, analyste à London Capital Group.
Autre attrait du groupe britannique, sa capacité d'adaptation à la demande: Sky a développé une offre de streaming vidéo, "ce que Comcast doit encore réaliser aux Etats-Unis", rappelle Jasper Lawler.
Outre Sky News, Sky est très présent dans le sport et vient de garder la main sur la plus grande partie des droits de diffusion de la Premier League anglaise de football au Royaume-Uni. Le groupe a par ailleurs annoncé mardi un partenariat avec la plateforme suédoise de streaming musical Spotify.
Sky a réagi à cette approche en conseillant à ses actionnaires "de ne rien faire", aucune offre formelle n'ayant été encore déposée par Comcast.
- 'Guerre des enchères' -
Le groupe britannique faisait déjà l'objet d'une offre de rachat, par son premier actionnaire, le géant américain Fox de la famille Murdoch, qui propose 10,75 livres par action pour acheter les 61% des parts qu'il ne détient pas encore.
Depuis New York, Fox a indiqué rester "fidèle" à son offre, notant qu'aucune "offre ferme n'avait été faite à ce stade par Comcast".
Reste qu'il est "plausible que Fox améliore son offre, ce que le marché a déjà commencé à anticiper", a commenté Richard Hunter, analyste chez Interactive Investor. "La variation de l'action (de Sky) suggère que cette bataille ne fait que commencer".
L'autorité britannique de la concurrence (CMA) avait toutefois jugé en janvier que l'achat de Sky par 21st Century Fox n'était "pas dans l'intérêt du public". La CMA s'inquiétait pour la "pluralité des médias", alors que la famille Murdoch possède déjà, via News Corp, deux quotidiens britanniques à grand tirage, The Times et The Sun.
L'autorité doit rendre d'ici au 1er mai son rapport définitif au ministre de la Culture et des Médias. Pour convaincre l'autorité, Fox a publié des engagements visant à garantir l'indépendance éditoriale de Sky News.
Mais l'offre de Comcast "a une bien meilleure chance d'être acceptée par le régulateur que celle de Fox", juge Jasper Lawler. S'il anticipe lui aussi "une guerre des enchères", il estime que "Comcast est le plus probable futur propriétaire de Sky".
Et Comcast pourrait ne pas s'arrêter là. En décembre 2017, le groupe avait jeté l'éponge dans la course l'opposant à Disney pour le rachat d'une partie des activités de Fox. Mais selon des informations du Wall Street Journal, Comcast envisage de lancer une nouvelle offre.
Le rachat de Fox par Disney, dont l'annonce en décembre avait déjà accru l'incertitude autour de Sky, n'a pas encore reçu l'aval des autorités américaines de la concurrence, qui pourraient empêcher l'opération afin d'éviter une trop grande concentration du secteur.