par Henning Gloystein
LONDRES (Reuters) - L'Union européenne se prépare à prendre des mesures pour assurer cet hiver ses approvisionnements énergétiques si jamais la Russie, son principal fournisseur, suspend ses exportations en raison de la crise ukrainienne, selon un projet de document que Reuters a pu consulter.
Parmi ces mesures, l'Union envisage d'interdire la vente hors d'Europe de gaz naturel liquéfié (GNL), d'accroître ses réserves de gaz et d'en limiter la consommation par les industriels.
Des pays comme le Qatar et l'Algérie fournissent à l'UE des cargaisons de GNL, débarquées dans les ports de l'Atlantique et de la Méditerranée, mais certains acheteurs européens revendent souvent ces livraisons hors d'Europe en réalisant des bénéfices, au lieu d'alimenter leur marché intérieur.
La Russie est le premier fournisseur de l'UE pour le pétrole, le charbon et le gaz naturel. A cause de la crise russo-ukrainienne, il n'est pas exclu que Moscou ferme ses gazoducs qui traversent l'Ukraine en direction de l'Union.
Le groupe public russe Gazprom fournit à lui seul environ un tiers de la demande européenne en gaz naturel, dont près de la moitié transite par le territoire ukrainien.
Les pays de l'est de l'UE dépendent bien plus des fournitures de Gazprom que ceux de l'ouest. Certains, comme la Bulgarie et les Etats baltes, risquent même de se trouver totalement démunis cet hiver si le Kremlin décide de couper l'approvisionnement.
RÉDUIRE LA DÉPENDANCE
Selon les chiffres de l'UE, la Russie fournit aussi environ un tiers des besoins de l'Union en pétrole et en charbon. Avec le gaz, cela lui rapporte au total 250 milliards de dollars par an.
Par trois fois ces dernières années, en raison de désaccords sur les prix, Moscou a fermé le robinet du gaz destiné à l'Ukraine -en 2006, en 2009 et en juin dernier. Cette année toutefois, le gaz destiné à l'UE continue de passer à travers le territoire ukrainien.
Pour réduire sa dépendance énergétique envers la Russie, l'UE propose des mesures à long terme, comme l'accroissement des réserves de pétrole et de gaz de schiste et la mise en place de nouvelles infrastructures pour importer le gaz de Méditerranée et d'Asie centrale.
La limitation du recours aux énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, couplée avec une réduction de la consommation, figure parmi les pistes étudiées.
Le projet sera discuté ce mois-ci par les Etats membres et présenté au Conseil européen en octobre.
Mardi, le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, a déclaré qu'il n'excluait plus "le scénario du pire" pour ce qui est de la sécurité des approvisionnements énergétiques de l'Europe en raison des "mensonges" de Vladimir Poutine.
(Avec Barbara Lewis à Bruxelles; Guy Kerivel pour le service français)