Après plusieurs années agitées et quelques plans sociaux, le fabricant franco-italien de semiconducteurs STMicroelectronics (PA:STM) semble désormais bien reparti grâce à des composants électroniques pour les objets connectés et la conduite intelligente.
Longtemps plombé par ses décodeurs numériques, qui lui ont fait perdre beaucoup d'argent alors qu'ils ne représentaient plus qu'une faible part des ventes, le groupe --dont les Etats français et italien détiennent chacun 13,75% du capital-- a réussi à redresser ses comptes, avec un bénéfice net en forte hausse de 58% l'an dernier, à 165 millions de dollars, et des perspectives optimistes.
STMicroelectronics (ST) a fait le pari de se tourner en priorité vers des secteurs jugés d'avenir, pour qui il fournit des composants, du capteur aux dispositifs de protection.
"Aujourd'hui, les produits de ST sont partout, et en collaboration avec nos clients, nous contribuons à rendre la conduite, les maisons, les usines et les villes plus intelligentes, au même titre que la prochaine génération de produits mobiles et de l'internet des objets", souligne la direction.
Cette réorientation stratégique ne s'est pas faite sans heurts, avec notamment la suppression de 1.400 emplois (dont 430 en France) et le redéploiement de 600 postes, programme de (re)formation à l'appui. Et les syndicats ont fortement contesté les choix de la direction, faisant le siège de Bercy et réclamant à plusieurs reprise la tête du PDG, l'Italien Carlo Bozotti.
Celui-ci a finalement été reconduit à son poste pour un an en avril, tandis que le groupe a gagné un numéro 2 avec le Français Jean-Marc Chery, le patron des opérations, qui a hérité d'un nouveau poste de directeur général adjoint ("vice CEO"). Les analystes estiment que M. Chery devient ainsi le dauphin, appelé à prendre les rênes du groupe l'an prochain.
- Croissance -
La presse évoque des composants fournis par STMicroelectronics pour la prochaine génération des iPhone d'Apple (NASDAQ:AAPL).
En attendant, le groupe cite Nintendo, "un client de longue date, depuis la Wii", dont la console Switch comprend un certains nombres de produits, des microcontrôleurs, un contrôleur d'écran tactile, un contrôleur sans contact et des capteurs de mouvement.
"Le cumul des efforts de recherche et développement et de l'investissement productif représente aproximativement (...) 2,5 milliards de dollars d'effort", souligne M. Chery. "C'est un effort conséquent, qui nous permet d'avoir une masse critique pour espérer atteindre l'excellence, et surtout renforcer notre compétitivité."
"Nous allons en 2017 consommer, pour pouvoir servir nos clients, l'équivalent de l'ensemble de la production mondiale de carbure de silicium en 2016", selon le dirigeant. Ce matériau est notamment utilisé pour réduire la consommation des véhicules électriques et partant, augmenter la performance des batteries).
STMicroelectronics a présenté ses innovations lors d'une rencontre avec ses clients, lundi à Paris. Avec un message: ses 7.300 ingénieurs sont là pour trouver les solutions techniques qui vont bien, en fonction des besoins des clients.
"Cette grande attention envers tous nos clients a permis à ST de revenir à une croissance solide", a expliqué Carlo Bozotti lors de cet événement. "Cette année, nous pensons arriver à une croissance annuelle d'environ 1 milliard de dollars sur 7 milliards réalisés en 2016. Notre croissance est conjuguée à un redressement rentable et à une solide structure de capital: tous ces éléments réunis font de ST un partenaire économique et industriel à la fois fiable et robuste", a-t-il ajouté.
Cette hausse attendue de 14% du chiffre d'affaires doit aller de pair avec une hausse de la marge orpérationnelle de 5 points cette année (après 3,1% en 2016).
Quant à la marge brute, elle est espérée à plus de 38% pour l'exercice en cours, contre 35,2% l'an dernier et 33,8% en 2015.
Né du rapprochement de l'italien SGS et du français Thomson Semiconducteurs, STMicroelecronics fête ses trente ans cette année. Le groupe emploie quelque 44.000 personnes, dont 9.900 en France.