par Gopal Sharma
KATMANDOU (Reuters) - Les autorités népalaises ont admis avoir commis des erreurs dans leur réponse initiale au violent séisme de samedi dernier qui a fait désormais plus de 5.000 morts. Dans les localités isolées du pays, des rescapés attendent toujours aide et secours.
"C'est une catastrophe d'une ampleur sans précédent. Il y a eu des défaillances dans la gestion des opérations de secours", a reconnu mardi soir le ministre népalais des Communications, Minendra Rijal. "Nous améliorerons tout cela à partir de mercredi", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre, Sushil Koirala, a confié à Reuters que le bilan définitif pourrait atteindre 10.000 morts. Un tel bilan dépasserait les 8.500 tués du séisme de 1934, dernier tremblement de terre de cette ampleur à avoir touché ce pays himalayen de 28 millions d'habitants.
Mercredi, le ministère de l'Intérieur avançait un bilan de 5.006 morts et de plus de 10.194 blessés. Plus de 80 personnes ont également trouvé la mort en Inde et au Tibet.
Les hôpitaux ont vite été débordés par l'afflux de blessés, dont bon nombre ont été soignés à l'air libre.
Le ministre népalais des Affaires étrangères, Shanker Das Bairagi, a demandé à la communauté internationale d'envoyer des médecins spécialistes, ainsi que des équipes de recherche. Initialement, le Népal assurait ne pas avoir besoin d'aide.
"Notre priorité numéro un va aux secours et aux équipes de secouristes. Nous avons besoin de neurologues, de chirurgiens orthopédistes (...)", a détaillé le ministre des Affaires étrangères.
L'aide internationale commence à arriver, mais sa distribution se fait lentement, en partie parce que les répliques ont de temps à autre provoqué la fermeture de l'aéroport.
GLISSEMENTS DE TERRAIN
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que 2.209 Français sains et saufs avaient été localisés et que 514 "n'ont pas pu être joints".
"Des efforts sont en cours pour localiser et ramener à Katmandou ceux qui sont en difficulté dans des régions isolées", dit-il dans un communiqué, rappelant que deux Français sont décédés et qu'un troisième a probablement connu le même sort.
Le ministère annonce en outre qu'un Airbus (PARIS:AIR) affrété par les autorités françaises, avec à bord 55 personnes et 25 tonnes de matériel humanitaire, s'est posé mercredi matin à Katmandou. Deux autres vols transportant du personnel de secours et 60 tonnes de fret humanitaire sont attendus prochainement, ajoute-t-il.
Rare signe d'espoir, une équipe de recherche franco-népalaise a dégagé mardi un homme de 28 ans, Rishi Khanal, des décombres d'un immeuble d'habitation de Katmandou. Il avait passé 80 heures prisonnier d'une pièce avec près de lui trois cadavres.
Mais son cas risque de n'être qu'une exception. Des experts d'une ONG polonaise qui dispose d'une équipe de 87 personnes au Népal ont déclaré que les chances de retrouver des personnes en vie dans les ruines étaient "voisines de zéro".
Des tensions entre étrangers et Népalais, qui cherchent à tout prix de l'aide, ont commencé à apparaître, selon les secouristes, et de nouvelles avalanches ont été signalées en plusieurs endroits de l'Himalaya.
Selon des membres d'un groupe de recherche et de secours israéliens appelé Magnus, plusieurs centaines de touristes, dont une centaine d'Israéliens, sont bloqués à Langtang, dans le district de Rasuwa, zone de trekking au nord de Katmandou qui a été touchée par une nouvelle avalanche mardi.
Des échauffourées ont éclaté à cause des pénuries alimentaires, a dit un membre de l'équipe de Magnus, Amit Rubin. "Les villageois estiment que les touristes accaparent trop de vivres".
(Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)