PARIS (Reuters) - De nombreuses personnalités politiques de droite comme de gauche ont estimé mardi que Thomas Thévenoud, écarté du gouvernement jeudi dernier pour avoir été en délicatesse avec le fisc, devait démissionner de ses fonctions de député.
L'éphémère secrétaire d'Etat au Commerce extérieur - il est resté neuf jours à ce poste - a indiqué lundi soir qu'il quittait le Parti socialiste mais reprenait son fauteuil à l'Assemblée.
Selon Le Canard enchaîné à paraître mercredi, Thomas Thévenoud, qui concède des "négligences" dans le règlement de ses impôts, n'a pas non plus payé pendant trois années le loyer d'un appartement qu'il occupait dans le Ve arrondissement de Paris. Il a avoué à l'hebdomadaire souffrir de "phobie administrative".
Interrogé par BFM TV, l'ancien secrétaire d'Etat a reconnu des impayés de loyer mais affirmé qu'ils avaient été réglés depuis.
Il a dit à la même chaîne que Jean-Christophe Cambadélis, le dirigeant du Parti socialiste, ne lui avait pas demandé de démissionner de son poste de député.
Thomas Thévenoud a précisé qu'il voterait la confiance au gouvernement le 16 septembre à l'Assemblée."J'ai été socialiste et je le reste", a-t-il dit.
Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée, a affirmé au contraire que l'ancien secrétaire d'Etat avait été pressé de quitter son siège. "Nous lui avons demandé de démissionner". "Les faits sont très graves, (...) il va avoir de la difficulté à revenir à l'Assemblée", a-t-il dit sur i>Télé.
SANS THÉVENOUD LE PS AURAIT JUSTE LA MAJORITÉ
L'éviction de Thomas Thévenoud fragiliserait un peu plus la majorité socialiste si ce dernier, qui siègera désormais parmi les non-inscrits, ne continuait pas à voter pour elle comme il dit en avoir l'intention.
Sans lui, le groupe socialiste, républicain et citoyen (SRC) compterait en effet 289 membres, soit exactement la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, ce qui ne laisserait plus de marge de manoeuvre.
L'opposition continue de réclamer le départ de l'élu.
"M. Thévenoud n'a pas sa place à l'Assemblée nationale, c'est tout", a dit sur i>Télé le député UMP Laurent Wauquiez.
"Il serait surprenant que les raisons éthiques qui font qu'on ne peut pas rester au gouvernement ne vaillent pas pour l'Assemblée nationale", a renchéri Luc Chatel, le secrétaire général de l'UMP.
Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, a déclaré à la presse qu'il allait demander au ministre du Budget de saisir la commission des infractions fiscales "pour voir s'il n'y a pas eu de fraude intentionnée".
Le vice-président du Front national Florian Philippot a estimé que renoncer à son mandat était une question de "décence" et de "respect de ses électeurs."
Tout en soulignant que personne ne pouvait obliger l'élu à démissionner, plusieurs membres du gouvernement socialiste ont également regretté sa décision de conserver son mandat.
"C'est vrai que c'est un peu dur à avaler", a dit sur i>Télé la ministre de la Santé Marisol Touraine. Pour le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, Thomas Thévenoud a commis "une faute directe" et "aurait dû prendre sa décision lui-même".
(Chine Labbé, avec Gérard Bon et Emile Picy, édité par Sophie Louet)