EasyJet a rejoint lundi l'indice vedette FTSE-100 de la Bourse de Londres, signe du succès de la compagnie britannique à bas coûts qui a su croître et se réinventer en 18 ans d'existence, malgré les turbulences liées au conflit avec son fondateur.
Avec une capitalisation de 4,2 milliards de livres (environ 4,8 milliards d'euros), le groupe a rejoint IAG, maison mère de British Airways et de l'espagnole Iberia, au sein de l'indice vedette de la première place financière européenne.
EasyJet, qui a vécu son premier jour de cotation sur le FTSE-100 lundi, a cédé 0,56% à 1.066 pence, dans un marché inquiet par Chypre.
Elle pourra ainsi emprunter ou lever plus facilement des capitaux tandis que les fonds indiciels devront acheter ses titres pour refléter la nouvelle composition du FTSE, ce qui soutiendra son cours de Bourse. Mais au delà de ces aspects purement financiers, "il y a bien sûr un élément de prestige et de publicité", ajoute Richard Hunter, analyste du courtier Hargreaves Lansdown.
Cette promotion symbolise en effet le chemin parcouru par une compagnie fondée en 1995 par l'homme d'affaires d'origine chypriote Stelios Haji-Ioannou, qui a débuté avec deux avions loués et la promesse de rendre les vols "aussi abordables qu'un jean", à 29 livres l'aller.
Aujourd'hui, EasyJet exploite près de 600 lignes court et moyen-courrier dans trente pays, avec une flotte de plus de 200 Airbus. La compagnie transporte annuellement plus de 58 millions de passagers, qui doivent payer de lucratifs suppléments pour enregistrer un bagage en soute ou pouvoir manger une collation à bord.
A la différence de sa concurrente irlandaise Ryanair, EasyJet dessert toutefois les grands aéroports internationaux. Elle séduit -avec succès- les hommes d'affaires et alloue des numéros de sièges à ses passagers, comme les compagnies traditionnelles.
Mais son mode de fonctionnement reste celui d'une low-cost. "Elle reste très concentrée sur les coûts qui restent bien en-dessous de ceux des compagnies classiques", souligne John Strickland, consultant spécialisé dans le secteur.
Sous la direction de sa directrice générale Carolyn McCall, ancienne patronne du groupe éditant le journal The Guardian, la compagnie continue aussi à ouvrir de nouvelles bases à l'étranger et a forcé des concurrents comme Air France à adopter certaines de ses recettes.
Aujourd'hui, EasyJet a encore des opportunités de croissance "en exploitant des nouveaux marchés à l'heure où d'autres compagnies réduisent la voilure ou font faillite, ou bien en obtenant de nouveaux droits de trafic", avec par exemple l'ouverture de la ligne Londres-Moscou, observe John Strickland.
Son premier avion s'est ainsi posé lundi dans la capitale russe, en provenant de l'aéroport londonien de Gatwick.
Mais tout n'est pas idyllique pour autant, la direction d'EasyJet et son fondateur et premier actionnaire, sir Stelios (ainsi appelé depuis son anoblissement par la reine), se déchirant régulièrement sur la stratégie à suivre.
Sir Stelios a renoncé à sa place au conseil d'administration, préférant aujourd'hui jouer les investisseurs activistes et poussant à l'occasion vers la sortie des dirigeants qui lui déplaisent trop.
Le dernier conflit en date porte sur une importante commande d'avions que veut passer prochainement la direction d'EasyJet, qui s'intéresse aux appareils de nouvelle génération proposés par Airbus, Boeing et le canadien Bombardier.
Une perspective qui n'est pas du tout au goût de sir Stelios, qui préfère qu'EasyJet rémunère généreusement ses actionnaires et se concentre sur la rentabilité.
L'histoire de l'aviation est pleine de compagnies emblématiques qui ont fini par faire faillite "parce que leurs dirigeants avaient acheté plus d'avions qu'ils n'avaient de ligne rentables à exploiter", affirme-t-il.
Pour se faite entendre, il a commencé à vendre des actions, franchissant à la baisse le seuil de 37% du capital. Et il menace de continuer avec sa famille à se désengager de la compagnie, si la direction persiste à vouloir de nouveaux appareils.