Le gouvernement britannique et la Banque d'Angleterre se sont engagés à fournir aux banques des dizaines de milliards de livres de liquidités pour les inciter à prêter, dans l'espoir de soutenir une économie en récession et menacée par la crise dans la zone euro voisine.
Le ministre des Finances George Osborne et le gouverneur de la banque centrale britannique (BoE), Mervyn King, ont annoncé jeudi soir qu'ils travaillaient conjointement à la mise en place d'un système de "financement pour prêts" utilisant les taux d'emprunt favorables du gouvernement.
Le montant de l'aide n'a pas été rendu public mais pourrait s'élever au total à environ 100 milliards de livres, soit près de 124 milliards d'euros.
"Le gouverneur et moi allons mener des actions coordonnées sur les liquidités et les financements pour de nouveaux prêts aux banques afin d'insuffler une nouvelle confiance dans notre système financier et soutenir le flux du crédit, là où il y a en a besoin, dans l'économie réelle", a déclaré M. Osborne devant un parterre de responsables du monde des affaires réunis pour leur dîner annuel à la Mansion House, à Londres.
Les responsables britanniques veulent donner un coup de pouce à une économie britannique en récession et fragilisée par la crise dans la zone euro voisine, qui plombe notamment ses échanges commerciaux.
Concrètement, deux mesures vont être mises en place. D'une part, les banques bénéficieront d'emprunts à des taux inférieurs à ceux du marché, leur permettant ensuite de proposer plus facilement des prêts aux ménages et aux entreprises.
D'autre part, la BoE offrira des lignes de liquidité à six mois, accordées contre des garanties de la part des banques (ECTR). Elle seront proposées sous forme d'enchères d'un minimum de 5 milliards de livres, au moins une fois par mois.
La BoE avait déjà tenté de soutenir la croissance avec une politique dite d'assouplissement quantitatif, qui s'est traduite par l'injection d'un total de 325 milliards de livres dans le système économique, sous forme de rachats d'actifs. Son taux directeur reste également au niveau particulièrement bas de 0,50%.
La dernière tranche de rachats d'actifs est arrivée à épuisement en mai et la plupart des économistes tablent désormais sur un redémarrage de ce programme, peut-être dès le mois de juillet.
Les banques profitaient de ces annonces vendredi à la Bourse de Londres, leur cours grimpant fortement, mais les observateurs s'interrogeaient toutefois sur leur effet sur l'économie réelle.
"Compte tenu de l'environnement risqué, les banques ne vont peut-être pas vouloir accorder plus de prêts, même avec la carotte de financements à bas coûts", met ainsi en garde Vicky Redwood, économiste chez Capital Economics.
"Et il n'y a pas non plus de garantie, même si ces mesures augmentaient effectivement la disponibilité du crédit, que les ménages et les entreprises voudront emprunter" dans l'environnement économique actuel, a-t-elle ajouté.
Le gouvernement a par ailleurs signalé qu'il n'avait pas l'intention de renoncer à sa politique d'austérité actuelle, destinée à assainir les finances publiques du pays.
Mais l'opposition travailliste a vu dans les nouvelles annonces l'aveu de l'échec de la politique menée jusqu'à présent. Les mesures "ne vont pas assez loin", a critiqué Ed Balls, un responsable du Labour, qui appelle à un plan en faveur de l'emploi et de la demande.