PARIS (Reuters) - Un milliard d'euros va être levé afin d'adapter le secteur touristique français à la diversification de la demande et à la concurrence grandissante des pays émergents, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères et du Tourisme Laurent Fabius.
Annoncé en juin dernier, le fonds d'investissement tourisme constitue la mesure phare d'un plan visant à faire franchir à la France le cap de 100 millions de touristes étrangers en 2020.
"Afin d'accueillir dans de bonnes conditions à la fois les touristes français et les 100 millions de touristes étrangers, il faut que nos hébergements, nos infrastructures soient en qualité et en nombre suffisants", a indiqué Laurent Fabius lors de la première édition de la conférence du tourisme à Paris.
Pour y parvenir, la France va s'appuyer sur la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qui abondera le fonds d'investissement pour l'hébergement touristique à hauteur de 500 millions d'euros, dont 150 millions de fonds propres.
L'idée est de financer la rénovation de l'ancien et la construction du neuf dans l'hébergement hôtelier, notamment des stations de montagne et du littoral.
Une enveloppe de 400 millions d'euros va également être mobilisée par la CDC pour répondre aux besoins en équipements touristiques au niveau local, comme les parcs d'exposition, les ports de plaisance ou encore le thermalisme.
En complément, un investissement de 100 millions d'euros de la Banque publique d'investissement (Bpifrance) financera les entreprises innovantes et les start-ups du tourisme.
CONCURRENCE
Avec 84 millions de touristes accueillis en 2014, la France reste la première destination au monde mais n'est que troisième en termes de recettes, derrière les Etats-Unis et l'Espagne.
Le développement du tourisme, qui représente 7,4% du PIB français, a été hissé au rang de "cause nationale" par François Hollande, qui mise sur ce secteur pour doper la croissance et lutter contre un taux de chômage record.
Destination prisée des touristes, la France doit depuis quelques années composer avec la concurrence grandissante des destinations comme la Chine, l'Inde ou des pays d'Amérique Latine qui séduisent de plus en plus.
Selon l'Organisation mondiale du tourisme, entre 2010 et 2030 les arrivées de touristes étrangers dans les destinations émergentes vont augmenter de 4% par an, soit deux fois plus vite que dans les pays du Nord.
"Cette concurrence doit nous inciter à redoubler d'efforts si nous voulons que la France demeure la première destination touristique mondiale", a souligné Laurent Fabius.
D'autant qu'un nombre croissant de touristes s'éloigne des parcours balisés et cherchent à vivre une expérience singulière et plus authentique.
"Il faut qu'ils (les touristes) restent plus longtemps, pour cela il faut diversifier l'offre. S'ils vont uniquement à Paris et sur la Côte d'Azur, c'est magnifique mais il faut que l'ensemble du territoire soit couvert", a estimé le ministre.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)