La présidente du Medef, Laurence Parisot, a franchi lundi une première étape dans sa quête d'un très controversé troisième mandat, le comité statutaire de l'organisation patronale ayant proposé une réforme des statuts qui lui permettrait d'être candidate en juillet.
Le comité, saisi par Mme Parisot, propose des mandats de cinq ans auxquels pourraient se porter candidats les présidents sortants sans limitation du nombre de mandats, réforme applicable dès la prochaine élection, a expliqué son président Georges Drouin lors d'une conférence de presse.
Les propositions votées à l'unanimité des 7 membres du comité doivent à présent être votées le 28 mars à la majorité simple par le conseil exécutif du Medef composé de 45 membres avant d'être soumises à une assemblée générale extraordinaire (AGE), laquelle ne peut se réunir avant les 15 jours suivant le vote du conseil exécutif. Pour que les réformes soient validées, l'AGE doit les voter à une majorité des deux tiers.
"Nous avons considéré que nous souhaitions une vraie élection démocratique tous les cinq ans", a déclaré M. Drouin, ajoutant: "Tous les cinq ans on remet à plat le candidat: s'il est bon et qu'il est réélu il reste, s'il n'est pas bon il est viré".
"Cette élection doit être ouverte à toute candidature, y compris à celle du président sortant", a-t-il précisé. Une seule limitation demeure: l'âge du candidat, qui ne doit pas dépasser 67 ans contre une limite actuelle de 65 ans.
"Les statuts proposés par le conseil exécutif et votés par l'AGE seront applicables dès la prochaine élection qui suivra cette AGE", a précisé M. Drouin en réponse à une question sur le sort de Mme Parisot.
Actuellement un président sortant peut, après un premier mandant de cinq ans, se présenter pour un second mandat uniquement et de trois ans seulement. Le comité statutaire a estimé que cette situation provoquait "une certaine dissymétrie" lors d'une élection où un candidat sortant se présente pour trois ans tandis qu'un nouveau pour cinq ans.
A la surprise générale, Mme Parisot avait saisi mi-janvier le comité statutaire du Mouvement des entreprises de France (Medef) pour examiner une révision des règles internes. Elle a de plus officialisé le 1er mars sa future candidature à sa succession si les statuts évoluent.
Sa démarche a suscité polémiques et vives critiques au sein du Medef et son succès est loin d'être assuré.
"Je crois que la majorité sera défavorable", a déclaré lundi l'un des candidats à sa succession, Geoffroy Roux de Bézieux, sur LCI.
L'AFP a contacté la semaine dernière 31 des 45 membres de l'instance dirigeante du Medef, pour la plupart directement et une poignée via leur proche entourage. Leur position, souvent confiée sous le sceau de l'anonymat, fait apparaître un patronat divisé et plutôt hostile aux manœuvres de sa présidente, même si nombre de ses représentants saluent le travail de Mme Parisot.
Sur ces 31 responsables, 14 se disent clairement contre une réforme des statuts qui permette à Laurence Parisot de se maintenir et seulement cinq affirment ouvertement soutenir sa démarche. Les 12 autres ne se prononcent pas ou se disent indécis.
Les candidats actuellement déclarés à la présidence du Medef sont Pierre Gattaz (53 ans), le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec), Geoffroy Roux de Bézieux (50 ans), patron de Virgin Mobile (Omea Telecom), l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot et le patron de la PME Aqoba Thibault Lanxade.
Le comité statutaire a par ailleurs proposé que le président élu ne prenne pas ses fonctions immédiatement afin de se "mettre au courant", d'être "en apprentissage" tandis que le président sortant serait toujours au pouvoir pendant une période de "trois mois par exemple", a indiqué M. Drouin.