François Hollande a donné mardi le coup d'envoi d'une "offensive" franco-allemande pour l'emploi des jeunes en Europe qui doit monter en puissance jusqu'à l'été, assurant agir main dans la main avec la chancelière allemande Angela Merkel, attendue jeudi à Paris.
"Nous devons agir en urgence, six millions de jeunes sont au chômage en Europe" et "près de 14 millions sont sans travail, ne suivent pas d'études ou ne sont pas en apprentissage", a fait valoir le chef de l'Etat lors d'un colloque sur l'avenir de l'Europe à Sciences Po.
"L'offensive pour l'emploi des jeunes part aujourd'hui", a-t-il lancé, assurant être "d'accord avec la chancelière Angela Merkel pour parvenir à un véritable plan pour l'emploi des jeunes dès cette année".
Dès mardi, le chef de l'Etat français a reçu aussi les ministres français, allemand et italien du Travail, Michel Sapin, Ursula von der Leyen et Enrico Giovannini, à l'Elysée avec leurs collègues des Finances français et allemand Pierre Moscovici et Wolfgang Schäuble. Le chômage des jeunes, a-t-il souligné en préambule à cette réunion, a atteint des niveaux "insupportables" en Europe.
Les ministres ont pour leur part tracé les grandes lignes de ce plan franco-allemand, dès à présent baptisé "Initiative européenne pour la croissance et pour l'emploi".
Il reposera sur trois leviers - l'accès au crédit pour les PME, le développement de l'alternance et la mobilité géographique - et tentera d'optimiser l'utilisation des fonds européens existants.
"Ce sont dans les PME et les PMI que se créent le plus d'emplois pour les jeunes, c'est elles qu'il faut soutenir", a fait valoir Michel Sapin.
"Beaucoup de PME, qui sont l'épine dorsale de nos économies, sont prêtes à produire mais ont besoin de capital. Or, elles n'y ont accès qu'à un taux exorbitant. Ce cercle vicieux, nous entendons le briser, notamment grâce à la Banque européenne d'investissement", a renchéri Ursula von der Leyen.
Ce dossier, qui marque la reprise du dialogue franco-allemand, sera au coeur de la visite de travail d'Angela Merkel jeudi à Paris. Il constituera aussi l'un des plats de résistance du sommet européen des 27 et 28 juin. Le plan sera parachevé en grande pompe le 3 juillet à Berlin par une réunion des ministres du Travail des Vingt-Sept présidée par la Chancelière, en présence de François Hollande.
"C'est là que nous aurons aussi à donner une nouvelle ampleur à ce plan pour l'emploi des jeunes" afin d'éviter une "rupture" générationnelle avec une jeunesse européenne durement frappée par la crise et le chômage, a souligné François Hollande.
La crise, a-t-il mis en garde, remet "en cause l'idée d'une Europe d'espérance et de protection".
Si l'Allemagne ne compte "que" 8% de chômeurs parmi ses jeunes de 15 à 24 ans, le taux le plus bas dans l'UE, la France en dénombre plus de 25% tandis qu'ils sont plus de 38% en Italie et au Portugal et même plus de 55% en Grèce et en Espagne.
Six milliards d'euros sont prévus en faveur de l'emploi des jeunes dans le projet de budget européen 2014-2020 que le Parlement européen doit encore adopter. François Hollande souhaite que ces fonds puissent être mobilisés "très vite".
L'Europe a aussi adopté le principe d'un système de "garantie" pour les jeunes sans travail ni formation depuis quatre mois, a-t-il rappelé, estimant que "nous devons le faire dès à présent".
Le chef de l'Etat a relancé l'idée d'un "Erasmus de l'alternance" comme il en existe pour les étudiants. "Là encore, les fonds existent, mobilisons-les", a-t-il plaidé, avant d'appeler à la "mobilisation" de la Banque européenne d'investissement au profit des entreprises.
"Nous devons déjà mettre en oeuvre ce que nous avons déjà décidé", et "le plus tôt possible", a-t-il encore insisté, estimant que "tous les instruments sont sur la table".