Blue Solutions, la filiale du groupe français Bolloré spécialisée dans le stockage d'énergie, a fait une entrée en Bourse survoltée mercredi, son action s'envolant de plus de 20% dans les premières transactions.
A 11H30, l'action prenait 24,07% à 17,99 euros, alors même que le prix d'introduction avait été fixé dans le haut de la fourchette indicative, à 14,50 euros.
"Pour nous, cette introduction est bien sûr un achèvement important", a déclaré l'homme d'affaires Vincent Bolloré lors d'une cérémonie organisée dans les locaux parisiens de NYSE Euronext, gestionnaire de la Bourse de Paris.
Le groupe a choisi de céder 10% du capital en vendant des actions existantes car son but premier n'est pas de lever de l'argent frais, a rappelé M. Bolloré dans son allocution.
"A partir du moment où nous sommes cotés, cela nous rappelle à chaque instant nos responsabilités et nos devoirs de développement", a fait valoir l'homme d'affaires breton, après avoir sonné à 09H00 la cloche marquant l'ouverture des transactions.
Bolloré est le seul industriel au monde à avoir fait le pari de développer une batterie fonctionnant avec du lithium-métal-polymère, quand les autres acteurs du secteur ont fait le choix de la technologie lithium-ion, et il y a investi 1,7 milliard d'euros sur quinze ans.
Blue Solutions coiffe la production et la commercialisation de ces batteries, qui équipent les voitures électriques en libre service à Paris, Autolib, et un autre système de stockage d'électricité dit "supercapacité".
L'entrée en Bourse ne concerne pas les activités "aval" de Bolloré dans la voiture électrique, comme Autolib', qui sont regroupées dans une autre filiale, Blue Applications.
Malgré les mises en garde sur le côté risqué de l'investissement, Blue Solutions perdant de l'argent à l'heure actuelle, la demande a été forte. "La réussite de votre introduction est totale, la demande ayant été 15 fois supérieure à l'offre", a souligné Marc Lefèvre, directeur du développement commercial chez NYSE Euronext.
Bolloré a prévu une option de surallocation d'un montant maximal de 4,2 millions d’euros portant au plus sur 1% supplémentaire du capital, mais le groupe ne mettra pas sur le marché plus d'actions, a répété son patron.
Le succès de cette opération "montre que le climat est devenu très favorable sur le marché des actions", alors que "ce dossier comporte des risques majeurs et est encore en amont d'un véritable développement", commente Arnaud Poutier, directeur de la société de courtage en ligne IG dans une note.
Une société en développement rapide
Le chiffre d'affaires de Blue Solutions devrait passer de 42 millions d'euros cette année à 105 millions en 2014 puis entre 200 et 225 millions en 2017, selon les projections de sa maison mère.
Cette activité devrait être à l'équilibre opérationnel au second semestre 2014 puis dégager un excédent brut d'exploitation (Ebitda) compris entre 50 et 70 millions trois ans plus tard, alors qu'elle est actuellement dans le rouge.
Bolloré détient deux usines de batteries, l'une dans son fief breton d'Ergué-Gabéric, près de Quimper, et l'autre à Boucherville, au Canada. Le groupe vient d'agrandir sa capacité de production en France, ce qui devrait lui permettre de fabriquer en tout 10.000 batteries de 30 kWh par an et il vise une production cumulée de 1 GWh à l'horizon 2019-2020.
Le lancement fin 2011 d'Autolib' à Paris a permis de démontrer la fiabilité de ces batteries. Ce système essaime cette année dans deux autres villes en France, Lyon et Bordeaux, avant de s'installer l'an prochain à Indianapolis, dans le nord des Etats-Unis. Bolloré espère signer par la suite des contrats avec une ou deux villes en Asie.
Il a aussi signé une lettre d'intention avec le constructeur Renault pour coopérer dans l'autopartage et développer de concert une voiture trois places qui utiliserait une batterie Bolloré.