La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a confirmé mercredi son soutien à plein régime à la reprise économique américaine, avertissant que celle-ci risquait fort de ralentir rapidement.
Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a noté "un retour à une croissance économique modérée après la pause observée à la fin de l'année dernière", mais aussi "des risques de dégradation des perspectives économiques", et il a abaissé sa prévision de croissance pour les deux années à venir.
Le Comité, dont la priorité du moment est la lutte contre le chômage, trouve que celui-ci reste "élevé", à 7,7%, selon le dernier chiffre officiel.
"Nous voyons des améliorations" a assuré le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, lors d'une conférence de presse, mais le Comité veut s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un phénomène "temporaire".
Or, a ajouté M. Bernanke, la rigueur budgétaire à laquelle l'Amérique s'astreint depuis janvier (hausse des impôts), et plus encore depuis le début du mois (baisse drastique et progressive des dépenses publiques), va se faire sentir durement sur "la croissance économique et les créations d'emplois dans les mois à venir".
En revanche, a-t-il dit, le Comité ne perçoit "pas de risque majeur pour le système financier et l'économie des Etats-Unis" en provenance de Chypre, où la crise de la zone euro connaît un nouveau rebondissement.
Sans surprise, la Fed a confirmé la poursuite de ses injections de liquidités dans le circuit financier, au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois. Ces injections (sous la forme de rachats d'obligations du Trésor et de titres adossés à des créances immobilières) continueront "jusqu'à ce que la perspective du marché du travail se soit nettement améliorée dans un environnement de prix stables".
Traduction de Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors: "la Fed va continuer d'innonder l'économie de liquidités au minimum au cours des 12 mois à venir".
"Pas de répit dans l'assouplissement monétaire" en vue, convient son confrère Jim O'Sullivan, du cabinet HFE, il faudrait pour cela "une amélioration considérable" de la conjoncture.
Puissance de feu insuffisante
Le FOMC a également répété son engagement à maintenir le taux directeur de la Fed dans la fourchette de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis décembre 2008, "au moins tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5%", si cela ne remet pas en cause son objectif d'inflation à moyen terme (2,0% sur un an).
Toutes ces mesures doivent maintenir une pression maximale sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser l'investissement, la consommation et le marché du logement et, en fin de compte, de hâter la reprise de l'emploi.
La Fed estime désormais que la hausse du PIB américain devrait être comprise entre 2,3 et 2,8% sur un an au quatrième trimestre, et non plus 2,3 et 3,0% comme elle le prévoyait en décembre.
Pour le FOMC, la croissance devrait se renforcer progressivement en 2014 et l'année suivante et permettre au chômage de passer sous le deuil de 6,5% en 2015.
M. Bernanke, qui ne cesse d'appeler le Congrès à compléter l'action de la Fed en assurant la viabilité des finances publiques sur le long terme sans menacer la reprise à court terme, a rappelé que le FOMC devait arbitrer subtilement entre son objectif d'inflation et la recherche du plein-emploi.
Pour l'instant, l'équilibre est "optimal", a-t-il assuré, "cela ne veut pas dire que nous soyons satisfaits, mais simplement que nous n'avons pas la puissance de feu suffisante pour ramener plus rapidement l'économie au plein-emploi".