La réduction surprise du déficit commercial des Etats-Unis, tombé en juin à son plus bas niveau depuis un an et demi, porte en germe une révision à la hausse de la croissance économique du pays au deuxième trimestre, en plein coeur de la campagne présidentielle.
En juin, le déficit commercial des Etats-Unis, qui résulte du solde des échanges du pays avec le reste du monde, a chuté sur un mois de 10,6% pour s'établir à 42,9 milliards de dollars, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées jeudi par le département du Commerce.
Dans leur prévision médiane, les analystes s'attendaient à une réduction bien moins soutenue avec un déficit attendu à 47,5 milliards de dollars.
Cette embellie a une raison simple. Dopées par le secteur automobile et les biens d'équipement, les exportations américaines ont progressé de 0,9% en juin, pour s'établir à 185 milliards de dollars, tandis que dans le même temps, les importations reculaient de 1,5%, à 227,9 milliards.
Elément de poids dans le déficit de la première puissance du globe, les importations pétrole de brut ont ainsi chuté sur un mois de 10%, à 24,6 milliards, en raison notamment de la baisse des cours.
"Les données publiées aujourd'hui (jeudi) montrent que les exportations en juin ont atteint un montant record pour la deuxième fois de l'année en dépit de conditions économiques mondiales difficiles", s'est félicitée dans un communiqué Rebecca Blank, la secrétaire d'Etat au Commerce par intérim.
Plusieurs points de déséquilibre subsistent. Le déficit commercial continue de se creuser nettement avec la Chine et s'aggrave en glissement annuel sur les six premiers mois de l'année. Les perspectives risquent par ailleurs de pâtir de la crise en zone euro, première destination des exportations américaines.
Mais pour le gouvernement, les données publiées jeudi pourraient augurer d'une bonne nouvelle sur le front de l'économie, thème récurrent de la course à la Maison-Blanche entre le président sortant démocrate Barack Obama et son rival républicain Mitt Romney.
Fin juillet, le gouvernement avait annoncé que le produit intérieur brut (PIB) américain avait progressé de 1,5% au deuxième trimestre et en rythme annualisé, traduisant un ralentissement de l'activité depuis la fin 2011.
Mais selon plusieurs économistes, cette première estimation ne tablait pas sur une aussi bonne tenue des exportations.
Résultat: la croissance américaine a de très fortes chances d'être revue en hausse lors de la publication de la deuxième estimation gouvernementale le 29 août.
"Cela aura des conséquences sur les chiffres du PIB au deuxième trimestre, où l'on s'attendait à une aggravation du déficit commercial. Cela ne semble plus être le cas et pourrait déboucher sur une importante révision à la hausse de la croissance", résume l'économiste indépendant Joel Naroff.
Interrogé par l'AFP sur cette possibilité, le département du Commerce n'avait pas réagi dans l'immédiat.
"Etant donné que ces données manquaient dans la première estimation du PIB, cette agréable surprise (...) implique très probablement une révision à la hausse des chiffres de la croissance", abonde Clémentine Cazalets de Natixis.
L'ampleur de la révision reste incertaine. Barclays Economics Research s'attend désormais à une croissance réévaluée à +1,8%, le cabinet High Frequency Economics prévoit 2% tandis que RDQ Economics envisage une fourchette allant de 2 à 2,25%.
Une chose est sûre: l'administration Obama pourrait bien profiter d'une réévaluation du PIB, un indicateur de poids, à l'approche de l'élection du 6 novembre.