Paralysé par l'obstruction, le Sénat américain n'avait pas voté de budget depuis quatre ans, un exercice formel auquel les sénateurs se sont finalement attelés dans la nuit de vendredi à samedi en adoptant un budget pour l'exercice 2014, qui commence le 1er octobre.
Ce budget est plus une déclaration de principe qu'un projet réaliste, car la Chambre des représentants, l'autre moitié du Congrès, est contrôlée par les républicains et n'a aucune intention d'adopter le texte envoyé par les sénateurs.
Mais le vote de samedi marque la volonté des deux partis de revenir à un fonctionnement normal, après des années de blocage parlementaire qui ont fait chuter la cote de popularité du Congrès.
Les démocrates, qui contrôlent le Sénat, envisagent dans leur texte de nouvelles recettes fiscales de près de 1.000 milliards sur 10 ans --alors que les républicains de la Chambre souhaitent baisser les impôts. Le projet démocrate ne prévoit pas d'équilibre des finances publiques, tandis que les républicains éliminent le déficit d'ici 2023.
Plus de 100 amendements ont fait l'objet de votes au Sénat, et le texte final n'a été adopté que peu avant 05H00 samedi (09H00 GMT), par 50 voix contre 49, quatre démocrates votant "non" avec l'opposition républicaine.
La Chambre a adopté son propre budget jeudi et il est peu probable que les deux versions soient "réconciliées", comme l'exige la longue séquence budgétaire qui commence.
"Cela n'a aucun impact sur personne (...) car tout le monde sait bien que les budgets du Sénat et de la Chambre ne seront jamais réconciliés", se lamentait le républicain John McCain vendredi.
L'interminable séance de vendredi a forcé tous les sénateurs à rester dans l'hémicycle pendant plus de 13 heures d'affilée.
"C'est un petit peu comme un lavement", soufflait vendredi Mark Warner, un démocrate. Mais "c'est l'un des meilleurs du Sénat depuis des années", s'est félicité samedi le républicain Mitch McConnell.
Le véritable enjeu de ces péripéties budgétaires n'est pas de définir combien l'Etat va dépenser, car ce montant est plafonné par une loi de 2011, mais comment ces crédits seront répartis. Chaque camp a des priorités distinctes, les républicains cherchant à couper des programmes sociaux et à sabrer la grande réforme de la santé de Barack Obama, promulguée en 2010.