Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est arrivé jeudi à Paris pour s'entretenir avec le président Nicolas Sarkozy de la situation au Proche-Orient, et pour marquer l'admission de son pays à l'OCDE, le club des économies les plus développées.
L'adhésion officielle d'Israël représente l'aboutissement de 16 ans d'efforts et une victoire diplomatique pour l'Etat hébreu, même si le défi de la pauvreté, toujours répandue dans le pays, reste à relever.
Les Palestiniens ont d'ailleurs vivement protesté contre la nouvelle, leur ministre des Affaires étrangères Riyad al-Malki regrettant l'adhésion à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d'"un Etat occupant violant quotidiennement les droits de l'Homme et le droit international".
"L’un des défis actuels est aussi de développer la situation économique des Palestiniens et de nos voisins (...). Cela ne se substitue pas à la paix politique, mais cela pourrait grandement l’aider", a répondu le Premier ministre israélien, dans un entretien publié jeudi par le quotidien français le Figaro.
Arrivé peu avant la mi-journée à Paris, Benjamin Netanyahu devait participer à un déjeuner de travail avec Nicolas Sarkozy, avant de s'exprimer devant l'OCDE, puis de s'entretenir avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. Ce dernier exerce actuellement la présidence de cette organisation, dont le siège est à Paris.
Pour M. Netanyahu, le feu vert de l'OCDE ouvre de nouvelles sources de capital pour Israël, passé du statut d'économie émergente (inflation à trois chiffres et dévaluations régulières au début des années 1980) à celui d'économie développée, avec un produit intérieur brut par habitant qui le classe au 22e rang des membres de l'OCDE.
Israël rejoint l'OCDE en même temps que l'Estonie et la Slovénie.
"L'adhésion à l'OCDE montre les capacités d'Israël à faire prévaloir ses vues, en dépit d'une évolution générale hostile à sa politique (rapport Goldstone, bras de fer avec l'administration Obama...)", a estimé Denis Bauchard, spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Après Paris, Benjamin Netanyahu doit d'ailleurs se rendre à Washington, après une halte à Ottawa, à l'invitation du président américain Barack Obama, qu'il rencontrera mardi prochain à la Maison Blanche.
Cette invitation est interprétée comme une tentative d'apaiser les relations entre les Etats-Unis et Israël, qui ont récemment traversé une grave crise de confiance provoquée par la poursuite de la colonisation juive à Jérusalem-Est annexée.
Depuis, le climat s'est quelque peu détendu, notamment après l'annonce des pourparlers de paix israélo-palestiniens, dits "de proximité", sous l'égide des Etats-Unis.
Benjamin Netanyahu a ainsi défini "les deux éléments critiques" pour parvenir à la paix, alors que le processus est gelé depuis décembre 2008 après l'offensive israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.
"Le premier est qu’un partenaire palestinien accepte la reconnaissance de l’État juif (...). Ce qui signifie la fin des revendications ultérieures et que la question des réfugiés palestiniens soit résolue en dehors des frontières d’Israël", a indiqué le Premier ministre dans le Figaro.
"Le second est que cet État palestinien soit démilitarisé", a-t-il ajouté.
Les discussions achoppent cependant jusqu'à présent sur le contentieux des colonies juives, Israël refusant de s'engager à un gel de la colonisation à Jérusalem-Est.
L'annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967, suivie par des constructions massives dans de nouveaux quartiers de colonisation, n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.