Les déclarations provocantes sur les "soi-disant ouvriers" français du patron de Titan International succèdent à des articles, des propos d'économistes, de patrons ou de politiciens témoignant d'une image écornée de la France à l'étranger en termes de compétitivité.
"Les ouvriers français travaillent bien mais (...) seulement trois heures par jour sur sept heures payées", a déclaré dans son style volontiers excessif Maurice Taylor, pour expliquer son refus de reprendre l'usine Goodyear d'Amiens après plusieurs années de discussions infructueuses.
Sur un ton différent mais critique lui aussi, un porte-parole de l'équipementier automobile allemand Continental, qui avait fermé en 2010 une usine à Clairoix, près d'Amiens, met en avant les rigidités du système français.
A Clairoix, "comparé à d'autres pays en Europe, les coûts du travail étaient plus élevés et la productivité ne pouvait être suffisamment améliorée", explique à l'AFP Alexander Bahlmann, évoquant une "certaine culture du +laisser-faire+ en France", et une mobilité des salariés "plus difficile qu'en Allemagne".
Pourtant, l'agence Standard and Poor's a estimé mercredi que la France s'engageait en faveur de la compétitivité "pour la première fois depuis de nombreuses années" et laissé entendre qu'elle pourrait relever la perspective du pays, actuellement classée "négative".
"Nous avons le sentiment que, pour la première fois depuis de nombreuses années, les mesures pour augmenter la compétitivité des entreprises françaises constituent une priorité politique", a indiqué l'agence qui avait, la première, privé le pays de son triple A en janvier 2012 et abaissé la note à AA+.
Une prise de position qui tranche avec celle de l'Américain Maurice Taylor pour qui le gouvernement français, au lieu de demander aux investisseurs étrangers de négocier avec les syndicats, devrait "dérouler le tapis rouge à tous ceux qui veulent" investir en France, face à la concurrence de pays comme l'Inde et la Chine.
Ce tapis rouge, le gouvernement britannique avait justement promis de le dérouler devant les entreprises françaises "quand la France instituera un taux d'imposition à 75%" pour les revenus les plus élevés, très polémique promesse de campagne du président François Hollande toujours pas entrée en vigueur.
L'imposition à 75%, "message symbolique puissant"
La presse internationale s'en est mêlée: l'hebdomadaire britannique The Economist assimilait ainsi en novembre la France à "une bombe à retardement au coeur de l'Europe", dénonçant notamment "une réglementation du travail trop rigide, des taux d'imposition exceptionnellement élevés et les charges sociales les plus hautes de la zone euro".
Pour Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland, l'image de la France a été "considérablement abîmée" par le projet d'imposition des plus riches à 75%, qui a envoyé "un message symbolique puissant".
"La France a toujours été un (pays) lourdement régulé (...), elle est maintenant dirigée par un gouvernement qui semble vouloir punir le capitalisme", explique M. Morici à l'AFP.
La compétitivité de la France a pâti de plusieurs facteurs ces dernières années, notamment une hausse de l'euro qui désavantage ses exportations.
Evariste Lefeuvre, économiste à la banque Natixis, souligne en outre que le salaire horaire français est le plus élevé de la zone euro à 35,3 euros charges sociales comprises contre 33,9 euros pour l'Allemagne. "C'est aussi bien plus qu'aux Etats-Unis", note-t-il.
"Les salaires ne baissent pas malgré la hausse du chômage, l'offre des entreprises françaises s'appauvrit" car les exportations réagissent fortement au taux de change, ce qui montre que les produits français sont facilement substituables, contrairement aux produits allemands, estime-t-il.