Le géant britannique de la distribution, Tesco (LON:TSCO), est revenu légèrement dans le vert lors de son exercice écoulé, mais la "guerre des prix" toujours à l'oeuvre au Royaume-Uni risque de peser sur son activité encore cette année.
Le groupe a prévenu mercredi qu'il restait confronté à "un marché difficile, en déflation et incertain" et promis de poursuivre ses efforts, dans ce contexte, pour améliorer son offre aux consommateurs et élever sa rentabilité pour les actionnaires.
Les investisseurs s'inquiètent de ces conditions rendues difficiles par la concurrence tarifaire féroce au Royaume-Uni depuis l'irruption des chaînes de maxidiscompte allemandes Aldi et Lidl, qui rencontrent un succès croissant. L'action Tesco a chuté en conséquence de 7,79% à 181 pence à la Bourse de Londres à la clôture, bien que le groupe ait mis en avant la réduction de son endettement.
"En 2016-2017, Tesco va continuer de se battre face à la déflation et aux stratégies de tarification agressive de ses principaux concurrents, notamment Aldi et Lidl", a souligné Ray Gaul, analyste du cabinet spécialisé Kantar Retail. "Il est en bien meilleure position pour ce combat désormais", a-t-il toutefois ajouté.
Lors de l'exercice annuel bouclé le 27 février, le numéro un britannique des supermarchés a en effet dégagé un léger bénéfice net de 138 millions de livres (172 millions d'euros), alors qu'il avait subi l'année précédente un déficit net historique de 5,7 milliards de livres (8 milliards d'euros au taux de change de l'époque).
"Nous avons effectué des progrès importants vis-à-vis des priorités édictées en octobre 2014", a expliqué dans un communiqué le directeur général Dave Lewis, qui avait remplacé à l'époque Philip Clarke, poussé à la démission pour cause de mauvais résultats.
Au mois d'avril suivant, "David l'implacable", comme est parfois surnommé cet ancien du géant anglo-néerlandais Unilever (LON:ULVR), avait annoncé la pire perte de l'histoire quasi-centenaire de la principale enseigne britannique de supermarchés.
Les résultats avaient notamment intégré des charges exceptionnelles atteignant la somme faramineuse de 7 milliards de livres, comprenant pêle-mêle de très lourdes dépréciations immobilières, l'abandon de projets de nouveaux magasins, des pertes sur le marché actions, des coûts de restructuration et une dépréciation sur un investissement en Chine, entre autres.
- Marge opérationnelle limitée -
Ces éléments exceptionnels éliminés cette fois, l'exercice comptable 2015-2016 a une allure plus présentable. Son chiffre d'affaires, à périmètre égal et taux de change constant, s'est maintenu (+0,1%), à 48,4 milliards de livres (60 milliards d'euros).
"Au Royaume-Uni, nous avons constaté une amélioration de tendance cette année à la fois en nombre de clients et en volume", a expliqué le groupe. Lors du seul quatrième trimestre de l'exercice, qui comprenait la période cruciale de Noël, Tesco a ainsi élevé de 0,9% sur un an ses ventes au Royaume-Uni à périmètre égal.
Le groupe a toutefois continué d'y fermer des magasins dans le cadre de son plan de restructuration.
A l'international (Asie et Europe centrale essentiellement), ses ventes à périmètre égal ont légèrement progressé, Tesco mettant en avant des efforts de sa part sur les prix et les produits frais.
Le groupe a exclu de ses comptes les résultats de son ex-filiale coréenne Homeplus, vendue pour plus de 4 milliards de livres (plus de 5 milliards d'euros) à un consortium mené par le fonds d'investissement coréen MBK Partners.
Sur le plan opérationnel, Tesco a élevé son bénéfice de 1,1% avant éléments exceptionnels et à taux de change constant, à 944 millions de livres.
Le distributeur a expliqué avoir réduit ses coûts, notamment au Royaume-Uni et en Irlande, via une réforme de ses relations avec les fournisseurs.
Sa marge opérationnelle s'est toutefois limitée encore à 1,17% dans ces deux pays.
"Un petit mieux des ventes au quatrième trimestre est bienvenu, mais la croissance des profits devrait rester très limitée, l'enseigne continuant d'investir dans des promotions tarifaires", a prévenu Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.