Le ministre allemand de l'Economie Philip Rösler, du petit Parti libéral (FDP), réaffirme son opposition aux euro-obligations pour faire face à la crise de la dette européenne, dans un entretien à paraître dans le journal dominical Bild am Sonntag.
"J'exclus qu'il puisse y avoir des euro-obligations avec ce gouvernement", affirme M. Rösler. Son parti FDP est le partenaire minoritaire des conservateurs CDU/CSU de la chancelière Angela Merkel au sein de la coalition au pouvoir à Berlin, et des responsables de ces Unions chrétiennes sont, eux, favorables aux euro-obligations.
"Les euro-obligations sont un mauvais signal adressé aux économies nationales défaillantes. Couvrir les risques des autres pays avec les euro-obligations aurait pour effet immédiat de faire grimper les taux d'intérêt allemands. Cela aurait des effets dramatiques sur la croissance dans notre pays", explique le ministre, selon les extraits de l'entretien diffusés samedi.
L'hebdomadaire Der Spiegel assure que selon le ministère des Finances l'introduction d'euro-obligations générerait une charge de plusieurs milliards d'euros.
"La première année, les coûts d'intérêt pourraient augmenter jusqu'à 2,5 milliards d'euros. La deuxième année, ce montant doublerait déjà. Et au bout de 10 ans, la charge supplémentaire représenterait entre 20 et 25 milliards d'euros de plus", écrit l'hebdomadaire dans son édition à paraître dimanche.
Dans un entretien accordé à l'édition dominicale du quotidien Die Welt, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, membre de la CDU de Mme Merkel, estime que les euro-obligations sont cependant synonymes d'une "réduction des trop fortes disparités de taux d'intérêt pour les différents Etats membres".
"La question est: peut-on avoir une union monétaire, quand la politique économique et la politique financière sont si différentes ?", s'interroge M. Schäuble, plaidant pour "une plus forte mutualisation".
M. Rösler, qui fait l'objet de nombreux articles de presse sur son manque d'épaisseur à l'occcasion de ses cent jours au ministère de l'Economie, se démarque également de la proposition d'un gouvernement économique pour la zone euro, lancée mardi par Mme Merkel et le président français Nicolas Sarkozy.
"La politique économique de l'Allemagne sera faite par le ministre allemand de l'Economie", affirme M. Rösler, "afin de mettre un terme à tout malentendu". Les commentateurs sont unanimes en Allemagne pour attribuer un rôle majeur en matière de politique économique à M. Schäuble et non à M. Rösler.
Vendredi, ce dernier s'était montré très réservé à l'égard d'une taxe européenne sur les transactions financières, telle que proposée par Paris et Berlin.
M. Rösler, dont le parti est au plus bas dans les sondages, multiplie les interventions, mais il s'est déjà fait désavouer la semaine dernière par M. Schäuble.
Celui-ci doit d'ailleurs rencontrer mardi à Paris le ministre français de l'Economie François Baroin pour discuter des suites à donner à la dernière rencontre Sarkozy-Merkel.