Le marché de l'immobilier ne cesse d'aller de mal en pis aux Etats-Unis, ont révélé des chiffres publiés mardi, et pèse de multiples façons sur la première économie mondiale.
Selon l'Association nationale des agents immobiliers (NAR), le mois de juillet a vu tomber les ventes de logements anciens à 3,83 millions en rythme annuel, soit 27% de moins qu'en juin.
La nouvelle a amené le chef de file de l'opposition républicaine à la Chambre des représentants, John Boehner, à conseiller au président Barack Obama de "virer" toute son équipe de conseillers économiques.
Le vice-président Joe Biden a ironisé sur la valeur de ce conseil, rappelant que l'immobilier s'était à l'origine effondré sous une présidence républicaine.
Mais cette crise s'étire, au grand dam des démocrates.
Le neuf s'étant raréfié, l'ancien représente actuellement entre 90 et 95% du marché immobilier américain.
Ce mois de juillet avait tout pour être une catastrophe. L'Etat a mis un terme à un crédit d'impôt pour inciter à l'achat d'un logement, qui supposait d'avoir signé un compromis de vente avant le 30 avril. Ce coup de pouce disparu, le marché est retourné à des profondeurs qu'il n'avait plus connues depuis 1995.
En juillet, les ménages ont assisté à une dégradation manifeste des indicateurs économiques. Et le mois d'août a l'air encore plus mal parti. Au vu des chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage, la NAR estime "imaginable que le taux de chômage puisse atteindre 10% dans quelques mois", contre 9,5% aujourd'hui.
Le marasme du secteur qui a provoqué une crise financière et une récession mondiales a de multiples conséquences.
Il a dévasté un autre secteur, le BTP, qui a supprimé plus de deux millions d'emplois depuis deux ans. Selon des chiffres du département du Commerce, il n'y avait jamais eu aussi peu de logements en construction depuis au moins quarante ans (457.000 fin juillet).
La crise de l'immobilier se traduit aussi dans les prix. Depuis mars 2009, le communiqué de la Fed à l'issue de ses réunions de politique monétaire mentionne systématiquement la "baisse de la valeur du patrimoine immobilier" comme l'un des problèmes lancinants de l'économie américaine.
L'expression populaire veut en effet que les ménages "se servent de leur maison comme d'un distributeur de billets" quand les prix de l'immobilier augmentent. En clair, ils consomment grâce à des crédits où elle est présentée comme garantie. Il leur est pratiquement impossible de le faire aujourd'hui, puisqu'elle vaut rarement plus que les montants qu'il leur reste à rembourser.
La difficulté de vendre un logement limite la mobilité géographique des Américains, à l'heure où les emplois sont rares. L'un des dirigeants de la Fed, Narayana Kocherlakota, y voit l'une des principales raisons à la persistance d'un chômage élevé.
Il est pourtant difficile, pour la banque centrale, d'en faire plus pour aider l'immobilier. Elle y a consacré des sommes gigantesques (plus de 1.400 milliards de dollars), réussissant à faire tomber les taux d'intérêt au plus bas depuis au moins quarante ans.
Quant à l'Etat fédéral, il offre déjà la déductibilité des intérêts des emprunts immobiliers, et s'est engagé à prêter des sommes illimitées aux deux géants qui soutiennent à bout de bras la grande majorité du marché aujourd'hui, Fannie Mae et Freddie Mac.