L'or, roi des métaux s'approche de jour en jour de son record historique du printemps 2008, faisant feu de tout bois, aussi bien des signes de reprise, qui alimentent les anticipations d'inflation, que des incertitudes économiques, qui renforcent son attrait de placement refuge.
A 09H55 GMT, le cours de l'once d'or s'est hissé à 1.022,72 dollars, à courte portée de son record historique du 17 mars 2008 de 1.032,70 dollars.
Depuis plusieurs séances, l'or aligne les performances, alors qu'un climat d'optimisme grandissant sur la reprise mondiale entraîne un affaiblissement du dollar.
"L'or a touché de nouveaux plus hauts ce matin (mercredi), après avoir clôturé mardi dans une ambiance optimiste, dans la foulée des commentaires du président de la Fed, Ben Bernanke, suggérant que la récession pourrait être terminée aux Etats-Unis", a constaté James Moore, analyste chez Bullion Desk.
Mardi 15 septembre, un an jour pour jour après la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers, M. Bernanke a estimé que la récession était "très probablement terminée" aux Etats-Unis.
Dans l'euphorie, les investisseurs se sont rués sur l'euro, précipitant la devise américaine à son niveau le plus faible en 9 mois (1,4714 dollar pour un euro mercredi). Or, de façon quasi mécanique, le métal jaune s'apprécie lorsque le dollar faiblit, les investisseurs profitant d'un pouvoir d'achat renforcé.
En outre, l'hypothèse de la reprise devrait favoriser à terme une résurgence de l'inflation, un scénario de bon augure pour l'or, placement défensif traditionnel contre la hausse des prix.
"Dans l'ensemble, nous sommes toujours dans des dispositions favorables pour les prix à moyen terme", parce que les politiques d'assouplissement monétaire, notamment aux Etats-Unis, finissent par nourrir l'inflation, a déclaré lundi Philip Klapwijk, le directeur général du cabinet GFMS.
Mais l'optimisme n'est pas la seule explication à l'emballement récent des cours. Le métal, dont les cours fluctuaient autour de 950 dollars depuis des mois, a amorcé son ascension début septembre, en pleine période de doutes.
"Un regain d'inquiétudes sur le rythme et l'ampleur de la reprise économique mondiale a entraîné une rechute des marchés d'actions et une envolée des obligations, cette poussée de frilosité bénéficiant à l'or, refuge traditionnel durant les périodes de tensions financières", a observé Robin Bhar, analyste chez Calyon.
M. Bhar cite également la décision par le géant aurifère canadien Barrick Gold d'abandonner ses contrats de couverture sur sa production d'or, une décision motivée par la volonté, de la part du groupe, de "profiter pleinement du prix de l'or".
Dans ce contexte incertain, les experts se gardent de pronostiquer de nouveaux records et soulignent au contraire les risques de rechute des cours.
Le cabinet GFMS évoque la possibilité, très négative pour l'or, d'un scénario de déflation mondiale, au cas où toutes les mesures de relance des grands pays industrialisés échoueraient à relancer la machine économique.
Un scénario auquel adhère Albert Edwards, analyste à la Société générale et pessismiste convaincu, pour qui on assiste donc seulement à un "rebond technique" de l'or.
Robin Bhar rappelle par ailleurs que "chaque fois que les prix de l'or ont dépassé les 1.000 dollars, leur envolée a été freinée par un afflux de métal recyclé et par un affaiblissement de la demande physique".
Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 1.017 dollars mercredi à 13H00 GMT.