par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini en petite hausse jeudi, tirée en fin de séance par un rebond du compartiment de l'énergie, dans un marché attentiste à la veille de la publication des chiffres de l'emploi de février.
L'indice Dow Jones a grappillé 2,46 points à 20.858,19, soit un gain de 0,01% minime mais suffisant pour mettre fin à une série de trois séances de baisse qui était inédite depuis l'élection de Donald Trump à la Maison blanche le 8 novembre.
Le Standard & Poor's 500, qui restait aussi sur trois séances de repli après les records de la semaine dernière, a avancé de 1,89 point ou 0,08% à 2.364,87 et le Nasdaq Composite a grignoté 1,26 point (0,02%) à 5.838,81.
Beaucoup d'investisseurs sont restés sur la touche dans l'attente de la statistique de l'emploi qui devrait conforter vendredi le scénario d'une première hausse de taux de l'année mercredi prochain, à l'issue de la réunion de deux jours du comité de politique monétaire (Fomc) de la Réserve fédérale.
Le consensus établi par Reuters est de 190.000 créations d'emplois en février, après les 227.000 annoncées pour janvier, mais nombre d'économistes ont revu leur estimation à la hausse au vu des chiffres publiés mercredi par le cabinet ADP pour l'emploi dans le secteur privé.
Publiées jeudi, les inscriptions au chômage de la semaine dernière ont certes augmenté de 20.000 à 243.000, mais en restant inférieures pour la 105e semaine d'affilée au seuil des 300.000.
Au vu de la robustesse du marché du travail, mais aussi de la hausse de l'inflation et les déclarations très claires de plusieurs responsables de la Fed la semaine dernière, les traders estiment à près de 90% la probabilité d'une hausse de taux mercredi prochain, qui serait la première depuis décembre.
Après l'euphorie des derniers mois dans l'espoir d'une mise en oeuvre rapide des baisses d'impôts et mesures de dérégulation promises par Donald Trump, le marché marque le pas depuis plusieurs jours.
"C'est une saine consolidation" après la récente série de records, juge Lindsey Bell, stratège chez CFRA Research à New York. "Le marché attend la statistique de l'emploi puis la réunion du Fomc la semaine prochaine."
La Banque centrale européenne tenait pour sa part sa réunion monétaire jeudi et a laissé comme attendu sa politique monétaire inchangée mais avec une tonalité un peu moins accommodante de son président Mario Draghi, qui ne ressent plus d'"urgence" à prendre de nouvelles mesures.
ACHATS À BON COMPTE SUR LES PÉTROLIÈRES
Cinq des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en hausse, avec en tête la santé (+0,60%) et l'énergie (+0,59%).
Le premier a bénéficié notamment de la progression de 1,49% de Johnson & Johnson, la meilleure performance du Dow Jones, après un relèvement d'objectif de cours de Jefferies.
Le compartiment de l'énergie a rebondi pendant la dernière demi-heure de la séance après deux jours de forte baisse dans le sillage des cours du pétrole qui ont pourtant encore perdu près de 2%, avec le brut léger américain qui est passé sous les 50 dollars pour la première fois depuis le mois de novembre et l'accord de limitation de la production de l'Opep.
A son plus bas du jour, l'indice sectoriel de l'énergie affichait un recul de près de 10% depuis le 1er janvier et de près de 4% depuis le début de la semaine, ce qui a incité certains investisseurs à revenir à l'achat.
ExxonMobil (NYSE:XOM) a ainsi gagné 0,79% et Chevron (NYSE:CVX) 0,39%, contribuant à la clôture positive du Dow Jones.
Les valeurs financières ont de leur côté pris 0,30%, en deçà de leurs plus hauts du jour.
Les technologiques (-0,06%) ont en revanche cédé du terrain, sous la pression d'Apple (NASDAQ:AAPL), de Microsoft (NASDAQ:MSFT) et d' IBM (NYSE:IBM) notamment.
Plus forte baisse du Dow pour la deuxième séance d'affilée, Caterpillar (NYSE:CAT) a cédé 1,97%, réagissant toujours à une information du New York Times sur des soupçons de fraude fiscale et de fraude comptable lors du rapatriement de milliards de dollars de trésorerie détenus par des filiales étrangères. Le titre du constructeur d'engins avait déjà lâché 2,82% mercredi.
Hors de l'indice, American Airlines Group a décroché de 3,48% après avoir revu à la baisse sa prévision de revenu unitaire.
Quelque 7 milliards de titres ont été échangés, un volume en légère baisse par rapport à mercredi mais comparable à la moyenne des 20 dernières séances.
Sur le marché des changes, les propos de Mario Draghi ont fait remonter l'euro face au dollar mais le billet vert a atteint un plus haut de trois semaines contre le yen en prévision de la réunion de la Fed de mardi et mercredi.
L'indice qui mesure la valeur du dollar face à un panier de six grandes devises cédait 0,1% à 101,98 vers 21h30 GMT, après un plus bas à 101,70 pendant la conférence de presse de la BCE.
Les rendements obligataires ont parallèlement monté avec le taux à 10 ans qui a franchi le seuil de 2,60% pour la première fois depuis la mi-décembre. Le rendement de la note à 2 ans a atteint un pic depuis août 2009 et celui du papier à 5 ans un pic depuis avril 2011.
L'or a reculé pour la sixième séance d'affilée et touché un plus bas de cinq semaines de 1.201,02 dollars sur le marché au comptant. Les futures sur l'or à New York ont fini en repli de 0,51% à 1.203,20.
(avec Rodrigo Campos à New York et Yashaswini Swamynathan à Bangalore, Véronique Tison pour la version française)