Le groupe aérien franco-néerlandais Air France-KLM a spectaculairement redressé ses comptes au troisième trimestre 2010/11, mais il a tempéré son optimisme pour ses résultats annuels en raison des multiples événements des derniers mois, notamment les troubles géopolitiques.
D'octobre à décembre, sa perte nette a été divisée par plus de six, s'établissant à 46 millions d'euros contre 295 millions un an plus tôt.
Le bénéfice d'exploitation courant du trimestre est ressorti à 81 millions d'euros, contre une perte de 245 millions un an auparavant. Le chiffre d'affaires a bondi quant à lui de 13,9% à 5,9 milliards.
Mais ce trimestre "a été fortement perturbé par de multiples arrêts de travail du contrôle aérien en France et des chutes de neige record en Europe", a rappelé le groupe.
Depuis Noël, les mauvaises conditions météorologiques en Amérique du Nord ont en outre entraîné la fermeture d'aéroports de la côte est.
Ces intempéries combinées au développement de facteurs d'insécurité sur plusieurs destinations d'Air France-KLM (Niger, Mauritanie et Mali, Côte d'Ivoire, Tunisie et Egypte) auront "des répercussions négatives sur la qualité des recettes du quatrième trimestre", a prévenu le groupe.
D'autant que la recette unitaire de janvier et de février est par ailleurs affectée par une situation de surcapacité, liée aux augmentations d'offres de ses concurrents pendant la saison hivernale.
Dans ce contexte, "nous restons sur un objectif de résultat (annuel) d'exploitation positif, même si nous pensons que nous ne tiendrons probablement pas l'objectif de 300 millions affiché en novembre", a déclaré à l'AFP Le directeur exécutif d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon.
Il a en outre reconnu que les troubles politiques dans la partie centrale de l'Afrique pénalisaient davantage Air France que ses concurrents.
"La Côte d'Ivoire, le Niger, le Mali, la Mauritanie sont des destinations très Air France. Cela marchait bien d'un point de vue rentabilité, donc cela nous manque beaucoup", a-t-il souligné.
Le dirigeant a toutefois insisté sur le "progrès considérable" réalisé au cours de l'exercice qui sera clos fin mars, comparé à la perte historique (1,28 milliard) enregistrée en 2009/2010.
L'année 2009/2010 avait été catastrophique sous l'effet d'un effondrement de la demande, en particulier des clients des classes affaires, liée à la récession économique mondiale. L'activité cargo avait elle aussi été fortement pénalisée par la crise.
Sur les neuf mois 2010/2011, le groupe a renoué avec les bénéfices: le résultat net s'est établi à 980 millions d'euros, contre une perte de 868 millions l'an passé; le bénéfice d'exploitation est ressorti à 525 millions après une perte de 788 millions.
Interrogé par ailleurs sur la hausse du pétrole actuelle, M. Gourgeon a estimé que cela n'était pas dans l'immédiat source d'inquiétude.
"Si ce n'est pas le fruit de spéculations (...) mais le résultat d'une évolution économique, il n'y aura pas de difficultés structurelles à passer outre", a-t-il expliqué.
Il a précisé que sur les neuf premiers mois de l'exercice 2010/11 du groupe, les dépenses de pétrole avaient augmenté de 800 millions d'euros.
"Malgré cet accroissement, on a fait une amélioration de nos résultats extrêmement positive. Cela veut dire que la demande et l'augmentation des recettes ont suffi à couvrir le prix du pétrole", a-t-il encore commenté.
Dans le sillage des autres compagnies, Air France a augmenté le 1er février la surcharge carburant payée par ses passagers, en raison de la hausse persistante du prix du pétrole, de deux euros sur un trajet court ou moyen-courrier à 10 euros sur un vol long-courrier.