La directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a plaidé mercredi pour une restructuration de l'énorme dette grecque pour soulager le pays, tout en jugeant qu'une réduction de son montant n'était pas nécessaire.
La dette grecque "devra être restructurée de manière appropriée" et l'ampleur de cette opération "va clairement dépendre" des réformes mises en œuvre par Athènes pour réduire son déficit public, a déclaré à Berlin Mme Lagarde à la chaîne de télévision allemande ARD.
Elle s'exprimait après une entrevue avec la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin.
Dans l'immédiat, "nous sommes beaucoup plus confiants" sur les chances d'aboutir à une solution sur le déblocage de nouveaux prêts en faveur de la Grèce, de la part de la zone euro et du FMI, après des semaines de blocage sur cette question, a jugé la patronne du FMI.
Sauvée de la faillite au début de la décennie, la Grèce est engagée dans un troisième programme d'aide international qui a démarré à l'été 2015 et doit courir jusqu'au 20 août 2018, avec un maximum de prêts prévu de 86 milliards d'euros. Mais les tractations sur le versement d'une nouvelle tranche de prêts piétinent.
Alors que la FMI avait récemment laissé planer la menace de ne plus prêter d'argent frais au pays, Mme Lagarde a salué mercredi "les progrès" réalisés par Athènes en matière de réformes de l'économie grecque pour satisfaire les exigences fixées par ses créanciers.
En ce qui concerne la réforme des retraites et du système fiscal en Grèce, entre autres, "les choses commencent à avoir l'air sérieuses", a jugé Mme Lagarde. Des représentants des créanciers doivent se rendre prochainement à Athènes pour boucler ces mesures avec le gouvernement grec.
Mais aux yeux de Mme Lagarde, ces réformes ne sont qu'un volet des efforts à faire. L'autre sera à effectuer par les créanciers eux-mêmes et porte sur un assouplissement des conditions de remboursement de la dette grecque.
La Grèce doit pouvoir "marcher sur deux jambes", a-t-elle dit, et "la deuxième jambe sera le montant de la dette que le pays peut supporter et cette dette va devoir être restructurée de manière appropriée".
Par restructuration, Mme Lagarde entend "un allongement significatif des maturités", c'est à dire un report des délais dans lesquels la Grèce va devoir rembourser les prêts internationaux, "et un plafonnement significatif des taux d'intérêts" sur ces emprunts, afin dans les deux cas de soulager le fardeau financier pour le pays. Athènes a déjà bénéficié de mesures similaires dans le passé.
En revanche, "à l'heure actuelle, une réduction du montant de la dette n'est pas nécessaire", a ajouté la directrice générale du FMI. Une prise de position de nature à décevoir les autorités grecques mais qui va rassurer l'Allemagne en particulier.
Cette dernière refuse catégoriquement un effacement partiel de la dette grecque en estimant que la législation européenne l'interdit. Une telle mesure serait surtout politiquement difficile à porter pour la chancelière face une opinion sceptique sur l'aide à la Grèce et à quelques mois d'élections législatives.
"Plus il y aura de réformes" en Grèce, "moins il faudra en faire en matière de restructuration de la dette", a poursuivi Mme Lagarde. Elle a souligné que ces mesures d'allègement de la dette devraient être "mises en place à la fin du programme d'aide" en cours, à savoir en août 2018.
La question de la dette grecque, qui s'élève à près de 180% du PIB grec, constitue une pomme de discorde quasi-permanente entre le FMI et les créanciers d'Athènes. Le Fonds la juge "explosive" et souhaite des allègement significatifs en estimant qu'en l'état le pays ne pourra pas la rembourser.
Le directeur Fonds de secours de la zone euro (MES), qui gère les prêts en faveur de la Grèce, Klaus Regling, a lui relativisé mercredi les difficultés de ce pays, en jugeant qu'il ne devrait plus avoir besoin de plan d'aide international au terme de celui en cours, à l'été 2018, et qu'il devrait pouvoir alors se financer seul sur les marchés.