Le gouvernement français prévoit dans ses hypothèses budgétaires un déficit commercial record de 75 milliards d'euros en 2011, a-t-on appris jeudi auprès du secrétariat d'Etat au Commerce extérieur.
Talon d'Achille de l'économie française, le déficit commercial s'est établi sur les douze derniers mois à 67,21 milliards d'euros. Il avait atteint 51,66 milliards pour l'ensemble de l'année 2010 et 55,5 milliards, précédent record, en 2008.
Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, avait admis mardi devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale que le déficit pour cette année afficherait "20 milliards de plus que le déficit historique" enregistré au coeur de la crise économique et financière en 2008.
"Nous sommes partis pour -75 milliards pour la fin de l'année", avait-il déclaré.
Le secrétaire d'Etat avait cependant invoqué deux raisons à ce nouveau plongeon du commerce extérieur: "l'explosion de la facture énergétique", qui explique, selon lui, "à plus de 50% le creusement de ce déficit par rapport au deuxième semestre 2010" et "l'euro fort".
La dégradation de 25 milliards d'euros qui serait enregistrée cette année par rapport à 2010 pourrait être attribuée à hauteur d'une "douzaine de milliards (...) à la facture énergétique et probablement autour de 3 (milliards) à la hausse de l'euro", a-t-il précisé.
M. Lellouche a cependant déploré l'existence d'un "socle" de défaut de compétitivité "structurel" de l'industrie française qu'il a évalué "autour de 30 à 35 milliards" d'euros. La "France est le seul grand pays européen dont les exportations n'ont pas encore retrouvé leur niveau d'avant crise", a-t-il encore observé, notant que "les exportations françaises ne représentent plus que 40% des exportations allemandes" contre "55% il y a dix ans".
"C'est notre industrie qui cale à l'export", a constaté le secrétaire d'Etat, appelant à un "travail de réindustrialisation" de la France et "d'accompagnement des PME à l'exportation" alors que le commerce extérieur est "surconcentré sur quelques grands groupes".
Ubifrance, agence publique de soutien aux exportations françaises, a annoncé mercredi vouloir favoriser la signature de 10.000 contrats ou commandes à l'export sur la période 2012-2014, se fixant pour la première fois des objectifs chiffrés. L'agence entend mettre précisément l'accent sur les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire, 250 à 5.000 salariés).