Le groupe automobile italien Fiat a levé le doute vendredi sur l'avenir de son usine de Pomigliano d'Arco en annonçant qu'il allait y produire la Panda même si l'adhésion des salariés à un référendum sur cette relocalisation n'a pas été aussi massive qu'il l'espérait.
Cette annonce intervient deux semaines après le référendum du 22 juin au cours duquel 62% des 5.200 salariés de cette usine située près de Naples (sud) avaient voté en faveur d'un accord durcissant les conditions de travail.
Cet accord était la condition sine qua non pour que Fiat rapatrie à partir de 2011 la production de la nouvelle version de ce modèle phare qui est actuellement assemblé à Tychy, en Pologne.
Mais depuis, le groupe, qui misait sur une adhésion plus massive, avait laissé planer le suspense.
Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Turin (nord) avec les syndicats, Fiat a indiqué qu'il avait été "convenu de mettre en oeuvre l'accord" signé par la Fim, l'Uilm, la Fismic et l'UGL "pour la production de la future Panda à Pomigliano".
Seul le syndicat Fiom-CGIL avait refusé de signer cet accord synonyme selon lui de recul social.
"Considérant que la grande majorité des salariés a donné son approbation, tous les signataires de l'accord sont convenus de la nécessité d'assurer à l'usine une continuité au niveau de la production", poursuit Fiat.
Le groupe investira donc 700 millions d'euros dans cette usine qui aurait risqué la fermeture sans la Panda, ce qui aurait détruit 15.000 emplois directs et indirects dans une région déjà fortement frappée par le chômage.
Grâce à cet investissement, 280.000 voitures par an seront produites à Pomigliano contre 35.000 en 2009. Globalement, Fiat entend doubler sa production en Italie d'ici 2014.
Appuyé par le gouvernement Berlusconi et le patronat, l'accord sur Pomigliano a été perçu en Italie comme un tournant dans les relations industrielles.
Il va permettre à Fiat de mettre en place 18 rotations afin de faire fonctionner l'usine 24 heures sur 24 pendant six jours, d'augmenter le nombre d'heures supplémentaires et de réduire le temps de pause.
Le groupe pourra par ailleurs ne pas payer l'indemnité maladie à sa charge en cas d'absentéisme jugé "anormal" et, point le plus controversé, prendre des sanctions allant jusqu'au licenciement en cas de non-respect de l'accord.
Giovanni Sgambati, secrétaire général du syndicat Uilm pour la Campanie (région de Naples) a salué l'annonce de Fiat.
"C'est une très belle journée pour les salariés de Pomigliano. En tant que syndicat réformiste, nous sommes très fiers. C'est un virage important au niveau des relations industrielles", a-t-il déclaré à l'AFP, assurant ne pas craindre d'opposition de la part des salariés ayant refusé l'accord.
"Ils comprendront la justesse de ce que nous avons fait", a-t-il estimé.
Dans une lettre ouverte, le directeur général de Fiat, Sergio Marchionne, a tendu la main aux salariés récalcitrants.
"C'est un défi que l'on gagne ensemble ou que l'on perd ensemble. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui c'est un grand effort collectif, une sorte de pacte social pour partager les engagements, les responsabilités et les sacrifices en vue d'un objectif qui va au-delà de la petite vision personnelle", a-t-il souligné.
A la Bourse de Milan, les investisseurs recevaient positivement cette annonce et le titre Fiat prenait 1,38% à 8,835 euros vers 12H45 GMT, dans un marché en hausse de 0,45%.