Le Fonds monétaire international a ouvert lundi les candidatures au poste de directeur général, la ministre française de l'Economie Christine Lagarde semblant avoir pris de l'avance face à d'autres prétendants à la succession de Dominique Strauss-Kahn.
Le FMI reçoit les candidatures jusqu'au 10 juin et les rendra publiques à cette date s'il y en a trois ou moins. S'il y en a quatre ou plus, il prendra le temps de déterminer une liste de trois personnes, les mieux placées, qui seront entendues par le conseil d'administration.
Dans les trois semaines à venir, la partie devrait consister pour les Etats membres à déterminer la personne qui aurait ses chances et à tenter de nouer des alliances sur son nom.
Moins d'une semaine après la démission de M. Strauss-Kahn, les grands pays de l'Union européenne s'étaient déjà rangés autour de Mme Lagarde.
Celle-ci a affiché une certaine prudence dans sa première déclaration publique sur le sujet. "C'est toujours très plaisant de plaire", mais "la décision appartient à d'autres que moi" et la question "est clairement prématurée", a-t-elle affirmé lors d'un entretien sur la chaîne américaine CNBC.
Le ministre des Finances belge, Didier Reynders, a lézardé dimanche le front européen en faveur de la Française. Se disant "bien entendu" intéressé par le poste, il a semblé se poser en solution de recours éventuelle au cas où sa collègue serait handicapée par ses ennuis judiciaires.
Un procureur français a en effet récemment menacé Mme Lagarde d'une enquête pour sa gestion du règlement par un tribunal arbitral d'une affaire opposant Bernard Tapie à la banque Crédit Lyonnais. La Cour de justice de la République doit décider dans les prochaines semaines d'enquêter ou non sur son rôle dans cette affaire.
Les pays qui souhaiteraient faire barrage à une direction européenne - qui plus est française une nouvelle fois - ont encore du temps pour s'organiser. Si le FMI compte élire son nouveau directeur général dans la deuxième quinzaine de juin, la date n'est qu'indicative.
L'institution a promis que ce choix se ferait "d'une manière ouverte, fondée sur le mérite, et transparente".
Les partisans de Mme Lagarde devraient faire valoir son "mérite", dans la mesure où elle a été de toutes les réunions ministérielles du G7, du G20, de l'Union européenne et de l'Eurogroupe depuis le début de la crise économique et financière mondiale.
"C'est une dirigeante très talentueuse et expérimentée. Elle a fait un travail excellent comme ministre des Finances et je suis sûr qu'elle ferait une excellente directrice générale", a jugé le directeur général du FMI par intérim, John Lipsky, sur CNBC également. Mais pour lui, les autres candidats possibles face à elle "paraissent tous excellents".
Deux sont apparus pour le moment.
Le Mexique a fait part dimanche de son intention de présenter la candidature du gouverneur de sa banque centrale, Agustin Carstens. Comme Mme Lagarde, il est de toutes les réunions ministérielles du G20 depuis que la crise financière a donné à ce forum son nouveau statut, en 2008.
La Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie) avait annoncé quant à elle dès jeudi la candidature du président de la banque centrale du Kazakhstan, Grigori Martchenko. Lui est en revanche quasi inconnu au G20.
Des Etats membres de poids ne se sont pour l'instant prononcés pour personne: les Etats-Unis, dont le soutien est crucial, le Japon, la Chine ou encore l'Inde et le Brésil.
Washington, qui a toujours soutenu le candidat européen depuis la création du poste, n'a pas l'intention de dévoiler immédiatement sa préférence.
Pékin et New Delhi, qui ont affiché ouvertement ou laissé filtrer leur intention d'obtenir une passation de pouvoir en faveur des pays émergents, sont encore dans la réflexion.
Et le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a indiqué que son pays attendait de voir l'ensemble des candidats avant de se prononcer.