Les marchés et l'Italie ont applaudi jeudi l'accord de rachat à 100% par le groupe automobile Fiat de son partenaire américain Chrysler, qui balaie d'un coup des mois d'incertitudes et ouvre la voie à une fusion transatlantique.Le groupe a pris de court tout le monde en annonçant au soir du 1er janvier son rachat au fonds américain Veba des 41,6% de Chrysler qui lui manquaient encore pour 4,35 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros).Mais l'accueil a été enthousiaste. Le titre du constructeur historique italien s'est envolé dès les premiers échanges à la Bourse de Milan et a clôturé sur un bond de 16,4% à 6,92 euros.Les journaux italiens ont salué de leur côté le triomphe personnel que représente cette opération pour l'administrateur délégué de Fiat, l'italo-canadien Sergio Marchionne, dans ce qu'ils présentent comme "une partie de poker à couper le souffle" avec Veba, le fonds de pension du syndicat américain UAW. "L'accord d'hier entre Fiat et Veba est historique, cela ne fait aucun doute", estime le quotidien des affaires Il Sole 24 Ore. "Il a fallu 4 ans et demi mais depuis hier est né le septième plus grand groupe automobile au monde et l'Italie demeure protagoniste d'une partie mondiale", souligne-t-il.La question de la stratégie de Fiat, premier groupe privé du pays et symbole industriel national, est très sensible en Italie et le volontiers provocateur Marchionne s'est fréquemment vu accuser dans le passé de vouloir abandonner la péninsule, en proie à la récession, au profit de la plus flexible et dynamique Amérique du Nord.L'annonce du rachat total de Chrysler a été bien accueillie par les syndicats qui en espèrent "des répercussions positives" pour les usines Fiat d'Italie, et par le gouvernement. Pour le ministre du Développement économique Flavio Zanonato, l'accord, "très positif", illustre "la force compétitive de premier plan du patrimoine industriel et technologique" de l'Italie.Quant aux analystes financiers, ils notent que non seulement l'accord a été conclu plus vite que ne le laissait supposer l’acuité du conflit entre Fiat et Veba, qui bataillaient depuis des mois par tribunaux interposés, mais il préserve les finances de Fiat en faisant payer par Chrysler une grande partie de l'addition (2,6 milliards de dollars).Le constructeur italien devrait ainsi éviter l'écueil de l'augmentation de capital. De plus, et bien que cela n'ait pas été confirmé à ce stade, la transaction rend caduc le projet de Veba de mettre en Bourse une partie de Chrysler.Enfin, le prix final apparaît favorable à la partie italienne: "Fiat va payer la part 4,35 milliards de dollars, alors que nous estimons sa valeur à environ 5,1 milliards de dollars", note un analyste sous couvert d'anonymat. "Le meilleur scénario (envisagé) va se matérialiser. Les incertitudes autour du cas Fiat se sont évanouies hier soir", souligne-t-il."Malgré son impact négatif sur la trésorerie de Fiat et de Chrysler, l’opération permettra à Fiat de prendre le contrôle d’un groupe parfaitement intégré", renchérissent les analystes de Aurel BGC.Petit bémol, l'agence de notation Fitch a averti que l'opération serait "sans effet immédiat" sur la note de Fiat (BB-) car le constructeur n'aura pour des raisons légales qu'un accès "limité" à la liquidité de Chrysler.Fiat ouvre à présent un nouveau chapitre, celui de sa fusion avec Chrysler. Celle-ci pourrait prendre modèle sur celle de sa compagnie parente Fiat Industrial avec sa filiale CNH Global, achevée il y a quelques mois et elle aussi à cheval sur l'Atlantique.Le mariage Fiat-Chrysler, une fois achevé, devrait être suivi d'une cotation en Bourse et, selon Il Sole 24 Ore, de nouvelles "discussions inutiles" sur le choix du siège de la compagnie. "Aujourd'hui déjà, le quartier général de Fiat Chrysler est dans un avion" entre les deux continents, conclut-il.