Les syndicats d'Airbus en France ont engagé mercredi des consultations intensives avec leurs membres pour décider d'accepter ou non de nouvelles propositions faites par la direction pour désamorcer un conflit social d'une vigueur exceptionnelle chez l'avionneur européen.
Ces nouvelles propositions sur les salaires et sur l'emploi semblent mettre à l'épreuve la large et rare unité syndicale (FO-CFE/CGC-CGT-CFDT-CFTC) affichée la semaine dernière quand les salariés d'Airbus à Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire ont massivement pris part à cinq jours de grèves tournantes et d'opérations de blocage.
Devant le début de paralysie des chaînes d'assemblage des A320, A330-340 et A380 à Toulouse, la direction a repris la négociation qu'elle avait pourtant déclarée close. Elle a consenti mardi à relever à 2,3%, puis 2,5% son offre précédente de 1,9% d'augmentation des salaires pour 2010, parmi d'autres propositions sur les embauches ou les conditions de travail.
La direction a signifié que c'était à prendre ou à laisser et que si les syndicats ne signaient pas avant le week-end de l'Ascension, le 13 mai, elle reviendrait unilatéralement à une hausse de 2,3% avec 500 euros de prime forfaitaire.Les syndicats ont jusqu'alors réclamé 3,5%, comme en 2009. Néanmoins, la volonté de transiger a constamment été de mise et semblait le rester mercredi.
Jean-François Knepper, délégué Force Ouvrière, premier syndicat d'Airbus, voyait dans les discussions de mardi des "avancées".
Mais "on va prendre le temps de la consultation et de l'explication" auprès des salariés, "ce sont les syndiqués qui vont décider", a-t-il dit, tout en se gardant de se prononcer sur l'issue de la concertation.
La CGT, historiquement non-signataire des accords salariaux chez Airbus, se montrait, elle, moins conciliante: les nouvelles propositions de la direction "ne répondent pas aux attentes des salariés", a dit son représentant Xavier Petrachi.
Pour empêcher une reprise du conflit dans une conjoncture incertaine pour l'avionneur, la direction, outre l'augmentation de 2,5%, met sur la table une prime forfaitaire de 500 euros pour tous en mai, et une compensation "d'un éventuel dérapage de l'inflation".
Sur l'autre question capitale, celle des embauches, la direction maintient son engagement à ce que 700 des 1.500 recrutements prévus en Europe en 2010 soient réalisés sur les sites français.
FO et la CFE-CGC voudraient plus de clarté sur la proportion des cols bleus dans ces embauches, pour faire face à l'industrialisation de l'A350. Elles voudraient voir préciser en détails à quels sites français seraient affectés ces recrutements.
Mais les positions de la direction "ont évolué favorablement, disait M. Knepper. Il y quelques jours, on nous présentait 1,9% (d'augmentation) comme un dogme. La mobilisation a forcé la direction à s'asseoir sur ce dogme et, à 2,5%, on arrive à quelque chose de plus acceptable".
Ces 2,5% "ressemblent plus à ce qu'on est en droit d'attendre chez Airbus", a dit Françoise Vallin (CFE-CGC).
Mais selon M. Petrachi (CGT), l'intersyndicale doit retourner devant la direction et dire que les négociations doivent continuer, sur les embauches et sur les augmentations de salaire pour les cadres.
FO et la CFE-CGC estiment cependant que la décision n'appartient plus à l'intersyndicale: "Chaque syndicat se déterminera indépendamment", a dit M. Knepper.
Selon lui, 48 heures pourraient suffire à FO pour décider de signer ou pas.