Demander l'aide du Fonds Monétaire International (FMI) pour faire face à la crise de la dette serait le "risque le plus grave" pour l'Italie, estime mercredi dans le Corriere della Sera l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Giulio Tremonti.
"Je crois que le risque le plus grave pour l'Italie n'est pas de devoir faire un autre plan de rigueur mais de devoir faire une demande d'assistance au Fonds Monétaire International comme le suggèrent les milieux financiers ou européens", déclare l'ancien grand argentier du gouvernement de Silvio Berlusconi dans cet entretien.
"Je n'ai aucune idée des capitaux qui pourraient être prêtés par le Fonds ou véhiculés à travers le Fonds à l'Italie: on parle d'environ 300-400 milliards. Disons que cela n'est pas décisif. Mais ce qui serait décisif serait notre perte drastique de souveraineté nationale", met-il en garde.
"Le Fonds prête des capitaux en échange d'un programme de gouvernement, de son programme de gouvernement contrôlé par sa bureaucratie. Nous serions le premier grand pays à (dépendre) d'un programme, nous serions le dernier d'une série d'insuccès du Fonds", ajoute M. Tremonti.
"Avec le Fonds Monétaire International, une dramatique division politique de la zone euro se produirait entre des Etats de première division qui comptent toujours plus et des Etats de deuxième division avec la corde autour du cou", estime l'ancien ministre.
L'Italie avait demandé fin octobre, alors que M. Tremonti était ministre du gouvernement Berlusconi, à bénéficier d'un suivi du FMI sur ses politiques économiques et la réduction de son déficit budgétaire. Le Fonds a indiqué le 21 décembre qu'il comptait commencer ses missions début 2012.
Fin novembre, le nouveau chef du gouvernement Mario Monti avait nié qu'un appel à l'aide de son pays au FMI ait été envisagé, alors que des rumeurs insistantes circulaient à ce sujet.
Malgré l'arrivée au pouvoir mi-novembre de M. Monti et l'adoption fin décembre d'un nouveau plan de rigueur, les taux obligataires italiens à dix ans sont toujours proches de la barre symbolique des 7%, un niveau jugé insoutenable à terme pour financer la dette colossale de 1.900 milliards du pays (environ 120% du PIB).