La Bourse de Paris a vécu une séance très difficile lundi, plombée par le secteur bancaire, l'incapacité des ministres des Finances européens à se mettre d'accord durant le week-end ayant ravivé le spectre d'un défaut de paiement de la Grèce.
Le CAC 40 a perdu 3,00%, reculant de 91,08 points, à 2.940 points, dans un volume d'échanges peu étoffé de 2,621 milliards d'euros.
"On assiste à une déception totale du marché qui s'interroge sur l'utilité même du sommet du week-end dernier en Pologne", note Guillaume Garabédian, gérant d'actions chez Meeschaert Gestion Privée.
La réunion des ministres des Finances européens en Pologne s'est soldée par un échec. Les dirigeants se sont montrés très divisés et n'ont guère avancé sur la mise en place du second plan d'aide à la Grèce et sur la question des garanties demandées par la Finlande pour prêter à Athènes.
Autant d'éléments propres à raviver les inquiétudes, particulièrement vives depuis cet été, sur un défaut de paiement du pays.
Cette option "n'est pas une hypothèse de travail", a pourtant assuré le ministre des Finances François Baroin.
Les valeurs bancaires à nouveau punies
Un certain attentisme a également prévalu alors que la téléconférence entre Athènes et la "troïka" représentant les créanciers du pays --la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI)-- a été reportée à 18H00, après la clôture des marchés européens.
Le ministre des Finances grec Evangélos Vénizélos a déjà averti que cette semaine sera "très difficile" pour le pays et l'avenir même de l'Union monétaire.
Athènes va tenter de montrer qu'elle respecte ses engagements budgétaires, seul moyen d'obtenir le versement de la prochaine tranche de prêts internationaux de 8 milliards d'euros, qui sera décidé en octobre.
Le gouvernement grec a d'ailleurs annoncé dimanche qu'il procèdera à de nouvelles mesures d'économies en 2012 pour réduire le secteur public.
Le FMI a lui ouvertement affirmé que la Grèce ferait défaut sur son énorme dette en cas de nouveaux retards dans son plan de rigueur et de privatisations.
"La valorisation des marchés européens restera faible tant que les investisseurs n'auront pas le sentiment qu'une solution durable n'a pas été trouvée pour la Grèce", ont estimé les économistes du courtier Aurel BGC.
Le discours de Barack Obama a peu joué sur la tendance. Le président américain a affirmé lundi que les Américains les plus riches et les entreprises devaient acquitter leur "juste part" d'impôts, en présentant un plan de réduction supplémentaire du déficit de 3.000 milliards de dollars.
Une fois de plus, le secteur bancaire a particulièrement souffert des atermoiements des dirigeants européens. Société Générale a décroché de 6,70% à 17,69 euros. Le cours de l'action a cédé plus de 58% depuis le 1er juillet. BNP Paribas a abandonné 5,48% à 26,65 euros (51% depuis le 1er juillet). Crédit Agricole n'a lâché que 0,69% à 4,88 euros, soit un recul de 55% sur la même période.
Le secteur cyclique, très dépendant de la conjoncture, a aussi été particulièrement chahuté.
"Les banques financent 75% de l'économie en France. Si elles plongent, il est logique que les valeurs cycliques soient aussi très malmenées", souligne M. Garabédian.
ArcelorMittal a terminé sur un recul de 4,75% à 12,72 euros, Lafarge de 3,93% à 25,29 euros et Saint-Gobain de 3,67% à 29,79 euros.
Les maigres espoirs de relance sont désormais placés dans la réunion de la Réserve fédérale américaine mardi et mercredi.
"Les attentes des investisseurs sont importantes, mais les débats s'annoncent difficiles", préviennent les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
La Fed pourrait décider de convertir une partie des obligations d'Etat américaines à court terme qu'elle détient en titres du Trésor à plus long terme.