Le secteur de la construction de logements neufs connaît un printemps radieux en France, avec une hausse des mises en chantier de 35,5% au premier trimestre, mais quelques nuages commencent à apparaître avec un ralentissement des ventes des promoteurs immobiliers et la hausse des taux d'intérêt des crédits.
Le nombre de mises en chantier de logements neufs (95.548) a bondi de 35,5% sur un an en France pour la période allant de janvier à mars, tandis que le nombre de permis de construire (108.044) pour ces mêmes logements a augmenté de 16,5%, a annoncé mercredi le ministère du Logement.
Au cours des douze derniers mois (avril 2010 à mars 2011), le nombre de mises en chantier, avec 334.791 unités, est en augmentation de 13,0% par rapport aux douze mois précédents, tandis que celui des permis de construire (411.365) est en hausse de 17,1%.
"C'est toujours le printemps de la construction neuve mais quelques inquiétudes commencent à apparaître à cause de la hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers et l'augmentation des prix qui pèse sur les ventes du début d'année", commente Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre.
En effet, après quatre mois de forte progression des mises en chantier et des permis de construire, le mois de mars a connu un net ralentissement avec des baisses respectives de -3,8% et de -4,6% par rapport au mois correspondant de 2010.
Pour les mises en chantier, alors que le secteur des "individuels purs", celui des maisons individuelles, connait une faible progression de 1,1%, grâce à la montée en puissance du nouveau PTZ (prêt à taux zéro)+, qui profite surtout aux primo-accédants modestes, celui des "individuels groupés" enregistre une chute de 11%.
L'explication réside dans le moindre attrait auprès des contribuables aisés, ceux qui achètent un logement pour le louer, du dispositif "Scellier" qui a vu cette année son taux de réduction d'impôts chuter à 22% pour les logements BBC (bâtiments basse consommation) et à 13% pour ceux ne respectant pas cette norme.
"Les promoteurs ont actuellement une petite inquiétude mais on ne sait pas encore mesurer l'impact d'une baisse sur l'ensemble de l'année", affirme Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Cette appréciation est confirmée par l'Insee qui souligne que la demande de logements neufs à acheter pour y habiter diminue fortement dans son enquête trimestrielle de conjoncture publiée mardi.
Selon l'Insee, les promoteurs sont plus nombreux à relever une hausse de leur stock de logements invendus au premier trimestre et les moyens de financement consacrés aux achats de logements neufs devraient baisser dans les mois à venir.
Autre souci: la montée des taux d'intérêts des crédits immobiliers, passés de 3,31% en moyenne en décembre 2010 à 3,72% en avril, soit une brutale progression de 41 points de base.
"L'évolution des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année reste le grand point d'interrogation", souligne Guy Nafilyan, PDG de Kaufman & Broad, un des principaux promoteurs français.
Ces quelques nuages sur un secteur en plein renouveau ne devraient pas empêcher le nombre de mises en chantier pour l'ensemble de l'année 2011 être compris entre 360.000 à 370.000, pas très loin du record du 21ème siècle (415.000 en 2007, dernière année avant la crise), estime M. Mouillart.
"Ces résultats très encourageants démontrent que la politique conduite par le gouvernement est la bonne et porte ses fruits dans tous les domaines", se félicite le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.