Les membres du directoire de la Bundesbank, la banque centrale allemande, se sont prononcés à l'unanimité mercredi pour l'éviction de l'un des leurs après des propos jugés racistes, rapporte jeudi le quotidien Berliner Zeitung, alors que le débat prend de l'ampleur en Allemagne.
Le président de la Buba Axel Weber et les quatre membres du directoire non concernés ont débattu mercredi de l'avenir au sein de l'institution du sixième membre de l'organe de direction, Thilo Sarrazin, vivement critiqué après des attaques au vitriol contre les immigrés musulmans et des propos sur l'existence d'un "gène juif".
Les cinq dirigeants de la Bundesbank seraient d'accord pour faire prendre la porte à M. Sarrazin, coutumier de déclarations provocatrices et qui avait déjà mis son employeur en difficultés par des propos peu délicats l'an dernier, rapporte le Berliner Zeitung. Les modalités de son départ seraient encore à déterminer, selon le journal.
La Bundesbank a refusé de commenter.
La procédure officielle veut que la Bundesbank demande au président de la République allemande de démettre un membre de son directoire. Celui-ci, le conservateur Christian Wulff, a jugé mercredi soir qu'il fallait éviter "que la discussion ne nuise à l'Allemagne, notamment sur le plan international".
L'affaire fait grand bruit en Allemagne, où M. Sarrazin a écopé de critiques très violentes, notamment de la part de responsables politiques de tout bord. Mais il est également soutenu par une partie de la population, qui adhère à ses thèses sur la faible volonté d'intégration de certains immigrés.
Selon un sondage mené par la chaîne de télévision N-24 auprès de ses téléspectateurs, 51% des Allemands seraient opposés à son renvoi de la Bundesbank.
Le chef du parti social-démocrate SPD, dont M. Sarrazin est membre, a reconnu mercredi qu'il avait reçu un flot de messages de soutien à M. Sarrazin ces derniers jours de la part de la base du parti. Sigmar Gabriel veut néanmoins exclure le provocateur.
Pour l'influent hebdomadaire Die Zeit, "Thilo Sarrazin est en passe de devenir un héros national, un renvoi du directoire de la Bundesbank ou du SPD lui conféreraient même un statut de martyr", commentait jeudi un éditorial.
L'affaire suscite une nouvelle fois le débat sur l'intégration des étrangers à la société allemande, une problématique dont la chef de file des Verts, Renate Künast, a reconnu jeudi qu'elle lui causait "aussi des inquiétudes", tout en se distançant des propos de M. Sarrazin.