Le président de la banque britannique Barclays Marcus Agius a présenté vendredi des "excuses" sur la rémunération très controversée du directeur général Bob Diamond, sans éviter pour autant une fronde d'une partie des actionnaires lors d'une assemblée générale à Londres.
Dans un mouvement de colère sans précédent, 32% d'entre eux ont refusé d'endosser le rapport sur les rémunérations qui leur était soumis - 27% votant contre et 5% s'abstenant - et 24% le maintien à son poste de la présidente du comité des rémunérations, Alison Carnworth.
Lors d'un discours inaugurant l'AG, M. Agius avait pris acte du mécontentement "d'une minorité significative d'actionnaires" sur les gratifications accordées à certains hauts dirigeants, citant notamment le cas de M. Diamond, devenu un symbole dans l'opinion britannique des dérives de la finance.
M. Diamond devait recevoir 17,7 millions de livres (près de 22 millions d'euros) au titre de l'année 2011, malgré les performances en baisse de la banque, ce qui a suscité un tollé de la part d'actionnaires très influents comme l'Association des assureurs britanniques (ABI).
"Le conseil d'administration reconnaît que le niveau de rémunération doit être ajusté à la nouvelle réalité du secteur" et à l'évolution des performances, a déclaré M. Agius aux actionnaires, alors que le titre de Barclays a perdu plus du quart de sa valeur en un an.
"Je présente des excuses et je vous promets que nous nous y prendrons différemment à l'avenir", a-t-il dit, en estimant que la direction avait surtout failli au niveau de la communication et n'avait "manifestement pas su expliquer son point de vue".
Il a aussi promis que Barclays verserait à l'avenir des dividendes plus élevés à ses actionnaires.
Le salaire annuel de M. Diamond, de nationalité américaine, constitue un record au Royaume-Uni et sans doute en Europe. Une "compensation" exceptionnelle de 5,75 millions de livres, destinée à l'aider à payer ses impôts au moment de son déménagement de New York à Londres, a été particulièrement critiquée.
Pris à partie lors de la séance de questions-réponses qui a suivi son discours, M. Agius a néanmoins affirmé que l'abandon pur et simple des bonus "n'était pas une option" en raison du contexte de concurrence internationale dans lequel opère le secteur bancaire.
"Barclays n'est pas gérée pour profiter à ses actionnaires, mais comme une vache à lait pour ses dirigeants et son personnel", a protesté au micro un petit porteur.
A l'extérieur du Royal Festival Hall où avait lieu l'assemblée, un groupe de protestation intitulé "Retirez votre argent" avait réuni des clients mécontents en les appelant à découper leur carte de crédit aux couleurs de la banque.
Face à la montée du mécontentement, Barclays avait pourtant fait la semaine dernière des concessions: Bob Diamond a ainsi "accepté" de renoncer à la moitié de son bonus annuel de 2,7 millions de livres (3,3 millions d'euros), qu'il ne recevra que si l'entreprise atteint certains objectifs financiers.
Plusieurs investisseurs avaient salué l'initiative mais d'autres, dont l'ABI, avaient jugé le geste insuffisant pour les convaincre de renouveler leur confiance à certains membres du conseil d'administration.
Les dirigeants de Barclays ont toutefois évité l'humiliation infligée ce mois-ci à ceux de la banque américaine Citigroup, dont 55% des actionnaires ont refusé de valider le plan de rémunération lors d'une assemblée générale à Dallas (sud). Ce vote est purement indicatif, mais la direction a fait savoir qu'elle allait le "considérer avec attention".