L'objectif du gouvernement de créer 100.000 emplois en trois ans dans l'économie verte, notamment dans les secteurs de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables, est "crédible", a estimé mardi la ministre de l'Ecologie Delphine Batho.
"La prévision, à ce jour, sans effort supplémentaire de l'Etat, c'est 295.000 créations d'emplois d'ici 2020. Quand on dit 100.000 emplois en 3 ans, c'est un objectif crédible, réaliste", a-t-elle souligné lors d'une table ronde organisée au siège du journal Le Monde, à Paris.
"Sur les éco-industries, on est aujourd'hui à 453.000 emplois, avec un taux d'augmentation des emplois de 4% par an quand le reste de l'économie française détruit des emplois, on a un potentiel", a-t-elle ajouté.
L'objectif de 100.000 nouveaux emplois verts d'ici 3 ans, affiché le 4 décembre lors d'un séminaire gouvernemental sur la "transition écologique", passe notamment par le secteur énergétique: "une grande politique de sobriété et d'efficacité énergétique (rénovation thermique des bâtiments, réseaux intelligents) peut générer la plus grosse quantité d'emplois", selon Mme Batho.
Ces emplois seront aussi créés dans le secteur des énergies renouvelables et dans l'"économie circulaire" (retraitement des déchets et de l'eau, restauration des milieux naturels, etc.), a-t-elle estimé.
Soulignant que la question du financement allait être "majeure", la ministre a mis en avant le rôle de la Banque publique d'investissement (BPI) et de la fiscalité écologique. Un groupe chargé de faire des propositions en matière de fiscalité écologique sera d'ailleurs installé la semaine prochaine, a-t-elle dit.
Nicolas Hulot, qui participait à ce débat, a pour sa part souligné que la "réflexion" sur le financement de la transition écologique ne pouvait être isolée "d'une réforme et d'une régulation du monde de la finance".
"Si les Etats ont aussi peu de marges de manoeuvre (...), c'est parce que vous avez en toute légalité, mais en toute immoralité toute une industrie de la finance qui s'est organisée pour échapper à la solidarité", a dénoncé le nouvel "envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète".
L'ex-animateur vedette d'Ushuaïa en a profité pour rappeler son opposition au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, estimant qu'"il y a mieux à faire, y compris sur un plan régional, pour doper l'économie".
"Ce projet avait une pertinence d'un point de vue régional lorsque le baril de pétrole valait quelques dollars, que les terres agricoles n'étaient pas des terres précieuses, que les changements climatiques n'étaient pas là... Tout ça a changé," a-t-il relevé, devant la ministre de l'Ecologie.
Sans répondre sur les aspects économiques, Mme Batho a fait valoir que "les élus locaux qui ont porté ce projet ont été élus, réélus" et que "le candidat qui a gagné l'élection présidentielle a aussi porté cette proposition".=