La Bourse de Paris s'est fortement repliée jeudi, le CAC 40 perdant 2,07%, dans un marché à nouveau en proie aux plus vives inquiétudes quant à la vigueur de la reprise économique américaine.
L'indice vedette a lâché 75,53 points à 3.572,40 points, dans un volume d'échanges limité de 3,202 milliards d'euros. La veille, il avait déjà cédé 0,42%.
Le marché parisien a totalement effacé son rebond de mardi (+1,82%), s'installant à nouveau sous les 3.600 points.
Les autres places européennes ont été mal orientées, Francfort perdant 1,80%, Londres 1,73% et l'Eurostoxx 50 1,82%.
Après un début de séance hésitant et une incursion dans le vert, les investisseurs ont accusé le coup, des indicateurs décevants ravivant les inquiétudes sur la reprise aux Etats-Unis, lesquelles plombent les marchés depuis début août.
Dans la foulée, Wall Street a ouvert en baisse et se maintenait nettement dans le rouge dans la première partie de la séance.
"La macroéconomie outre-Atlantique ne présente pas des signes très encourageants. Cela laisse de la place aux plus pessimistes pour vendre sur des marchés un peu étroits", mois d'août oblige, note Frédéric Rozier, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.
Le chômage américain a été au centre des préoccupations alors que les nouvelles inscriptions aux Etats-Unis sont montées à leur plus haut niveau depuis novembre lors de la semaine achevée le 14 août, à 500.000, plus que le consensus qui était de 475.000.
Un peu plus tard, l'indice composite des indicateurs économiques avancés aux Etats-Unis, publié par l'institut Conference Board, est reparti en hausse en juillet, à +0,1%, moins que prévu par les analystes (+0,2%).
Enfin, l'activité de l'industrie de la région de Philadelphie était en baisse en août, chutant à -7,7.
"Ces informations sont venues contrebalancer les bonnes nouvelles en Angleterre ainsi que le retour des fusions-acquisitions qui devraient animer un peu le marché", souligne M. Rozier.
Le gérant fait référence à la bonne tenue des ventes de détail et des finances publiques en juillet en Grande-Bretagne, ainsi qu'au rachat par le numéro un mondial des semi-conducteurs Intel du groupe américain de technologies de sécurité informatique McAfee pour 7,68 milliards de dollars en numéraire.
La série d'indicateurs américains décevants a également fait oublier la révision à la hausse, de 1,9% à 3% par la Bundesbank, de ses prévisions de croissance de l'économie allemande pour 2010.
Côté valeurs, le secteur de la construction et du BTP a souffert, après les perspectives moroses affichées par le cimentier suisse Holcim. Lafarge a perdu 2,47% à 38,12 euros, Saint-Gobain 3,27% à 30,91 euros, Vinci 2,76% à 35,20 euros et Eiffage 3,24% à 36,70 euros.
Les valeurs bancaires ont terminé en forte baisse, traditionnellement victimes des craintes sur l'économie, à l'image de Société Générale (-3,45% à 41,68 euros).
Natixis a perdu 2,13% à 4,28 euros, alors que la banque d'affaires américaine Goldman Sachs va l'attaquer en justice pour avoir annulé des contrats d'assurance qu'elle avait souscrits auprès d'elle.
De leur côté, les valeurs défensives, d'ordinaire les moins soumises aux aléas conjoncturels, ont essayé de limiter la casse. Sanofi-Aventis a lâché 1,26% à 45,04 euros et Vivendi 1,18% à 18,00 euros.
EADS a perdu 1,43% à 18,21 euros. Sa filiale, le constructeur aéronautique Airbus, a annoncé avoir vendu trois moyen-courriers A319 à la compagnie tibétaine Tibet Airlines, qui envisage "d'accroître sa flotte à une vingtaine d'appareils dans les cinq prochaines années".
Plusieurs valeurs se sont distinguées, telles que Technip (+0,62% à 52,07 euros), Scor (+0,83% à 16,44 euros), Valeo (+0,27% à 28,25 euros) et Iliad (+0,99% à 68,44 euros).