Les pays émergents affichent des "importants signes" d'inflation qu'il faut combattre, a indiqué lundi le porte-parole du groupe des principales banques centrales, Jean-Claude Trichet, alors que les matières premières subissent une envolée des prix.
Les pays émergents affichent "d'importants signes de risque d'inflation", a précisé M. Trichet lors de la réunion bimestrielle des principaux banquiers centraux de la planète au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle.
"Nous voyons clairement qu'il y a des risques d'inflation qui sont particulièrement visibles dans les économies émergentes", a souligné le patron de la Banque centrale européenne, ajoutant qu'il était important d'"ancrer solidement les perspectives d'inflation".
"Nous sommes tous dévoués (les banquiers centraux) à continuer d'ancrer solidement les perspectives d'inflation, ce qui ne veut pas dire que nous prenons tous les mêmes décisions mais que nous avons le même but" de contrôler le renchérissement des prix, a-t-il ajouté, soulignant qu'il existait entre banquiers centraux un "but commun" en ce sens.
La progression de l'inflation ne doit cependant pas être généralisée, en particulier pour les économies avancées, où doivent être évités les "effets de second tour", soit une hausse des salaires en raison de l'augmention des prix.
Le patron de l'institut d'émission a également estimé qu'il était possible de rééquilibrer l'offre et la demande, notamment en matière alimentaire.
"Dans la production alimentaire, il devrait être possible grâce à des mesures appropriées, principalement sur le continent africain, de relever significativement les niveaux de production, ce qui permettrait de répondre à la demande qui va croître de manière très, très importante à long terme avec la hausse du niveau de vie" dans de nombreux pays émergents, a-t-il ajouté.
Les risques d'inflation pourraient également amener la BCE à relever son taux directeur. Jeudi, M. Trichet avait déclaré qu'une hausse des taux directeurs en avril était "possible, mais pas certaine".
L'institut d'émission européen avait décidé jeudi de maintenir inchangé son taux directeur à 1%, niveau historiquement bas où il stationne depuis mai 2009, en dépit de l'accélération de l'inflation.
L'inflation a accéléré ces derniers mois en zone euro, atteignant 2,4% en février selon une première estimation publiée par Eurostat. Soit au-dessus de l'objectif de stabilité des prix de la BCE, qui est de maintenir l'inflation à un niveau proche mais inférieur à 2% à moyen terme.
La BCE a par ailleurs revu jeudi à la hausse ses prévisions d'inflation en zone euro, tablant désormais sur une hausse des prix de 2,3% en 2011, contre 1,8% jusqu'à présent, et de 1,7% en 2012, contre 1,5% précédemment.
Le renchérissement des prix a été porté par une hausse tous azimut des prix des matières premières, non seulement du pétrole qui a flambé en raison des mouvements de contestation dans le monde arabe, mais aussi des produits agricoles et miniers.
Les cours de l'or et de l'argent ont ainsi atteint de nouveaux sommets la semaine dernière, de même que celui du maïs pour livraison en mai, tandis que le pétrole poursuivait sa hausse lundi.
Vers 14H30 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril s'échangeait à 105,75 dollars, en hausse de 1,33 dollar par rapport à vendredi.