Les jeunes agriculteurs ne se bousculent pas pour reprendre le flambeau, l'agriculture leur paraissant un secteur économique bien incertain et source d'incompréhension avec la société quand elle leur reproche des pratiques ne respectant pas l'environnement.
"Des vocations, on en a plein", assure Jean-Michel Schaeffer, président du syndicat des Jeunes agriculteurs (JA) qui profite du salon de l'agriculture pour faire la promotion du métier.
JA est la branche "jeune" (moins de 35 ans) de la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), premier syndicat agricole français.
"Il y a une envie d'un côté, mais de l'autre comment fait-on pour assurer une pérennité de revenus aux jeunes quand il y a un manque total de visibilité en raison de la volatilité des prix", poursuit le responsable, satisfait du passage jeudi du Premier ministre, François Fillon, sur le stand du syndicat.
"C'est un métier qui attire, encore faut-il donner des perspectives", renchérit Joël Clergue, vice-président des JA, en charge de l'installation.
Les critiques répétées des organisations de défense de l'environnement et notamment la campagne lancée juste avant le salon de l'agriculture par France Nature Environnement (FNE) sont mal vécues par la jeune génération.
"On essaye de faire des produits sains. On fait tout pour limiter les engrais et les phytosanitaires (pesticides, NDLR) pour la santé, mais aussi d'un point de vue économique", affirme M. Clergue qui dit son "incompréhension".
Ces dernières années, le nombre des jeunes agriculteurs (âgés de moins de 35 ans), ayant bénéficié d'aides publiques pour entrer dans le métier, a baissé: de 5.500 en 2008, ils étaient à peine plus de 5.000 en 2010, selon les chiffres des JA.
Une fois installés, les jeunes restent cependant fidèles. Dix ans après, ils sont ultra majoritaires (95%) à être toujours en place.
Pour attirer les jeunes, le syndicat ne ménage pas sa peine. Il a lancé les "trophées de l'installation" pour "valoriser les initiatives" de jeunes agriculteurs. Le palmarès sera publié en septembre prochain.
Sur le stand, où trône un tracteur vert tout neuf, les responsables de différentes filières sont venus vanter jeudi les mérites de leur secteur respectif.
Serge Préveraud, président de la fédération nationale ovine (FNO), a reconnu combien l'installation est "un sujet essentiel" dans ce secteur qui a longtemps figuré parmi les plus pauvres de l'agriculture mais qui redresse la tête.
La situation presse : "environ 50% du cheptel ovin est détenu par des éleveurs de plus de 53 ans", a-t-il souligné.
La filière lait, qui a toujours été parmi les plus recherchées car l'une des plus encadrées avec les quotas, est désormais moins convoitée.
"Depuis la crise de 2009, les installations ont diminué", reconnaît Henri Brichart, président de la Fédération nationale de production laitière (FNPL).
"Nous devons redonner confiance dans la production laitière et répondre aux attentes des agriculteurs qui ne veulent plus d'un travail aussi astreignant", a-t-il ajouté.
Parmi les jeunes agriculteurs, la proportion des femmes devient plus importante pour atteindre désormais 25% des nouvelles recrues.
Hortense Dessallien, 32 ans, fille d'agriculteur, originaire de la Champagne, s'est installée en 2009, à côté de Salers dans le Cantal. Elle cultive des céréales pour en faire de la bière et des cervoises qu'elle vend à la ferme.
Les affaires marchent bien dans cette région très touristique: "nous avons été en rupture de stock l'an dernier". Cette année, son mari se lance dans les salaisons avec leurs porcs, élevés en plein air.