La croissance économique au premier trimestre 2011 a surpassé, avec 1% tout rond, toutes les prévisions des experts, une bonne surprise pour l'économie française, d'emblée sur les rails pour atteindre, voire dépasser, l'objectif de 2% que s'est fixé le gouvernement.
"Tous les clignotants sont au vert", c'est une "très bonne nouvelle pour l'économie française", a déclaré la ministre de l'Economie Christine Lagarde, interrogée par l'AFP.
Le chiffre de la croissance ne devait être dévoilé que vendredi à 07H30 par l'Insee mais le Premier ministre François Fillon a choisi d'annoncer lui-même, fait exceptionnel, qu'il serait "supérieur à 0,8%" lors du JT de 20H de TF1.
"La croissance au premier trimestre 2011 est de 1%, c'est le plus fort taux de croissance depuis le deuxième trimestre 2006", a ensuite précisé Christine Lagarde qui s'exprimait au téléphone depuis Londres où elle venait de s'entretenir avec son homologue britannique, George Osborne.
Désormais "très confiante dans la réalisation de la prévision (gouvernementale) de 2%" de croissance sur l'ensemble de l'année, la ministre a assuré que "les moteurs de la croissance sont, pour certains d'entre eux, à leur meilleur niveau depuis 30 ans", évoquant la production manufacturière.
"L'investissement du secteur privé est bien reparti, à +0,7%, la consommation est solide et nous escomptons des créations d'emplois supérieures à 50.000 pour le seul premier trimestre", a-t-elle encore ajouté.
D'emblée cependant, les économistes interrogés par l'AFP jeudi soir ont mis en garde contre les excès d'enthousiasme, faisant valoir que le deuxième trimestre serait affecté par la flambée des cours du pétrole.
Quoi qu'il en soit, le chiffre enregistré au premier est plus de deux fois supérieur à celui du dernier trimestre de 2010 (0,4%) mais aussi, comme l'a souligné François Fillon sur TF1, "le double de la Grande-Bretagne et plus de deux fois la croissance dans la même période aux Etats-Unis".
"Ce qui est important pour l'année qui vient, c'est que le gouvernement reste concentré sur la croissance et l'emploi. Les résultats, on est en train de les avoir", s'est encore félicité le Premier ministre dont le gouvernement a bâti son budget autour d'une hypothèse de croissance de 2% que la plupart des experts jugeaient trop ambitieuse.
Pour Jean-Paul Betbèze (Crédit agricole), ce "premier trimestre excellent" reflète une "situation économique qui s'améliore et une compétitivité des entreprises restaurée". Lui-même, après avoir revu ses prévisions de croissance à la hausse, tablait plus modestement sur 0,6% au premier trimestre et 1,6% pour l'année.
"Pour tempérer les enthousiasmes", Jean-Paul Betbèze estime cependant que "le deuxième trimestre sera plus bas avec le contre-coup de la hausse du pétrole".
Selon Nicolas Bouzou (Astères), qui a reconnu lui aussi sa "surprise", démarrer avec 1% au premier trimestre garantit "mécaniquement une croissance relativement forte sur l'année, égale ou supérieure à 2%".
Prudent, il attend cependant de "voir d'où vient cette croissance, d'un mouvement de restockage technique qui ne serait pas pérenne ou d'une reprise forte des exportations et des investissements".
De plus, relève-t-il "il y a toujours une crise budgétaire dans trois pays européens" et, par conséquent, "une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes".
Cette annonce crée cependant un véritable effet de surprise. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Institut national de la statistique (Insee) tablait sur un rebond de la croissance au premier trimestre, mais de 0,6% seulement, suivi d'un ralentissement à 0,4% au deuxième.