Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a appelé mercredi à des politiques "pragmatiques" contre le chômage, dépassant l'opposition "entre flexibilité et rigidité sur les marchés du travail".
"La croissance seule ne suffit pas. Et ce que nous avons appris tous en même temps, c'est que des politiques de l'emploi bien conçues peuvent sauvegarder des emplois", a affirmé M. Strauss-Kahn lors d'un discours à Washington.
"Nous devons être pragmatiques. Et je pense que vraiment, nous devons dépasser l'opposition binaire et stérile entre flexibilité et rigidité sur les marchés du travail", a-t-il poursuivi.
"Ce que nous devons faire, c'est nous demander quelles sont les politiques efficaces, quelles sont les politiques qui de fait créent des emplois", a-t-il estimé.
Le patron du FMI a rappelé que plus de 200 millions de personnes cherchaient un emploi aujourd'hui dans le monde, soit 30 millions de plus qu'en 2007. "Le chômage est à des niveaux record dans beaucoup de pays" et "dans trop de pays, l'inégalité atteint des records", a-t-il déploré.
"Peu contesteraient que des allocations chômages convenables sont un point de départ. En particulier quand les pertes d'emplois sont très concentrées chez les jeunes et ceux qui n'ont pas qualifications", a-t-il souligné.
Selon M. Strauss-Kahn, "il nous faut plus d'investissements dans l'éducation. Il nous faut de la négociation collective, qui est importante dans un contexte de stagnation des salaires. Et il nous faut des partenariats sociaux, qui sont des cadres utiles car ils permettent un partage équitable à la fois des gains et des sacrifices".
M. Strauss-Kahn retrouve là ses positions de responsable politique français, qu'il défendait avant d'arriver au FMI en novembre 2007.
Lors de sa campagne à l'investiture socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2007, il s'était fixé pour objectif de parvenir au plein emploi en dix ans, en misant entre autres sur une meilleure formation et un meilleur accompagnement des chercheurs d'emploi.
Interrogé après son discours pour savoir si la lutte contre le chômage ou les inégalités pourrait être partie intégrante des objectifs fixés par le FMI aux pays qui demandent son aide, M. Strauss-Kahn a répondu que non.
"Je ne vois pas ce genre de question devenir un objectif défini dans les programmes du FMI, parce que d'une part c'est très difficile à mesurer [...] et d'autre part nous devons gérer des problèmes de court terme", or "les questions d'inégalité par exemple sont des questions de long terme", a-t-il expliqué.
Mais il a affirmé qu'il y avait une "conditionnalité sociale" dans les politiques conseillées par le FMI, "qui est de faire attention à ce que le programme ait le moins de conséquences possibles pour les plus vulnérables".
"Je ne suis pas en train d'essayer de dire que nos programmes sont des programmes sociaux, loin de là. Ils sont toujours très douloureux pour les pays en difficulté. Mais à la marge, on peut prendre en compte les problèmes sociaux et la situation des plus vulnérables", a-t-il précisé. "Donc nous essayons de protéger la protection sociale là où elle existe et d'en bâtir une là où elle n'existe pas".