La Bourse de Paris s'est ressaisie cette semaine, à la faveur de statistiques confirmant que la reprise est en cours aux Etats-Unis et de résultats d'entreprise favorables, mais les investisseurs sont restés nerveux, inquiets de la forme que prendra la sortie de crise.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a gagné 2,76% pour s'établir vendredi à 3.707,29 points, après avoir perdu 5,5% lors des sept jours précédents.
Il a été soutenu par une série d'indicateurs confirmant une reprise de l'activité, notamment les indices ISM aux Etats-Unis.
Repassé dans le vert en août, l'indice ISM dans l'industrie manufacturière a mis en évidence une accélération de l'activité en octobre, tandis que celui dans les services a ralenti et déçu le marché.
Il s'est toutefois inscrit au-dessus des 50 points, confirmant que le secteur des services, qui emploie les 4/5e de la main d'oeuvre aux Etats-Unis, se porte mieux.
Point d'orgue de la semaine: les chiffres de l'emploi américain publiés vendredi ont révélé des destructions d'emplois plus importantes que prévu et un taux de chômage à deux chiffres (10,2%), un niveau jamais vu depuis 16 ans.
Mais ce rapport n'a pas réservé que des mauvaises surprises et les marchés n'ont pas été sanctionnés (-0,04% pour le CAC 40).
Il a mis en avant une augmentation de la durée du travail et des heures supplémentaires "qui ne sont pas extensibles à l'infini" et devrait déboucher sur des emplois, note Christian Parisot, économiste chez le courtier Aurel. Enfin, 34.000 postes ont été créés dans l'intérim qui est, selon lui, un indicateur avancé de la reprise de l’emploi.
A ces statistiques prometteuses sont venus s'ajouter des résultats d'entreprise solides au troisième trimestre comme ceux de Cisco, BNP Paribas, ou encore Rhodia, ainsi que des annonces de fusions-acquisitions, signe de reprise. Parmi elles, le très emblématique rachat par Warren Buffet de la compagnie ferroviaire américaine Burlington Northern.
Pourtant, le marché parisien a montré des signes d'essoufflement et a été marqué par une extrême volatilité, signe de nervosité.
"Les marchés sont pris entre deux feux, des indicateurs et des publications positifs et en face, des craintes sur les politiques monétaires des banques centrales", explique M. Parisot pour qui la question en filigrane est celle des modalités de sortie de la crise.
"Les banques centrales sont coincées entre le marteau et l’enclume", confirme Marc Touati, économiste chez Global Equities. "Si elles remontent trop rapidement et trop fortement leurs taux directeurs, elles risquent d’émousser la reprise actuelle avant qu’elle n’ait pu enclencher le moteur des créations d’emplois".
Si la BCE s'est montrée cette semaine relativement positive pour la reprise économique en zone euro, la Réserve fédérale américaine (Fed) a mis en garde contre tout excès d'optimisme à propos de l'économie américaine et averti que la baisse du taux de chômage serait un préalable à une remontée des taux.
La semaine prochaine, les publications d'entreprises se feront moins nombreuses et les nouvelles seront minces sur le front macroéconomique, ce qui pourrait entraîner une consolidation du marché.
Parmi les annonces macroéconomiques susceptibles d'orienter les marchés, l’indice Zew allemand mardi, le PIB européen et l'indice de confiance du Michigan qui prendra le pouls du consommateur américain, tous deux vendredi.