Le nouveau patron de Chrysler présentait mercredi son plan pour remettre le constructeur automobile américain d'aplomb après un mariage raté avec l'Allemand Daimler, son renflouement par l'Etat américain, une brève faillite et pour finir son alliance avec Fiat.
Sergio Marchionne, qui dirige également le groupe italien Fiat, devait présenter un plan quinquennal au siège de Chrysler à Auburn Hills (Michigan, nord), devant un parterre de journalistes et d'experts lors d'une présentation qui devait durer pas moins de six heures.
Il devait annoncer l'abandon progressif de certains des modèles les moins populaires de Chrysler et une modernisation de ses véhicules les plus vendus. Il devait également évoquer le retour de la marque Alfa Romeo aux Etats-Unis ainsi que l'arrivée de la petite Fiat 500, et décrire la façon dont les deux entreprises qu'il supervise prévoient d'échanger des technologies et de réaliser des économies d'échelle.
M. Marchionne a déjà assuré le mois dernier que Chrysler pouvait revenir aux bénéfices au cours des deux années à venir et qu'il prévoyait une introduction en Bourse "après 2010".
Beaucoup espèrent que ce nouveau patron atypique - le quatrième en moins de trois ans pour Chrysler- sera celui qui parviendra à faire du troisième constructeur américain (après General Motors et Ford), une entreprise rentable.
M. Marchionne, avocat et comptable de 57 ans, a à son actif d'avoir réussi à redresser Fiat où il était arrivé en 2004 sans expérience préalable dans le secteur automobile.
Le quotidien Detroit Free Press a salué en lui "un homme avec un projet" et un "survivant doué" qui "dirige un orchestre industriel avec de l'adrénaline, quatre heures de sommeil par nuit et Dieu seul sait combien de cigarettes".
"Après tout, il s'agit de l'homme qui en moins d'un mois a convaincu le président Barack Obama et son équipe chargée de l'automobile de ne pas abandonner Chrysler", écrivait le journal en Une lundi.
"Sans verser un centime, il est reparti avec 20% de Chrysler et environ 10 milliards de dollars de soutien des contribuables américains", ajoute le quotidien, en référence au renflouement du groupe par les autorités.
Pour Jeremy Anwyl, responsable du site spécialisé Edmunds.com, "les chances étaient très minces, et les probabilités restent peu fortes (que Chrysler survive), mais sans (M. Marchionne) et sa technique de management, il n'y aurait aucune chance", a-t-il indiqué à l'AFP.
Mais le charisme de M. Marchionne ne suffira pas à lui seul.
Selon les experts, le plus gros défi pour le groupe américain sera de tenir pendant les deux à trois prochaines années en attendant l'arrivée des produits de Fiat sur le sol américain, le groupe ne disposant pas de modèles réellement attractifs après le tumulte qu'il a connu récemment.
Après un divorce douloureux avec Daimler en 2007 et son rachat par le fonds d'investissement Cerberus, Chrysler a en effet subi la perte de milliers d'emplois, des fermetures d'usine, mais n'a pas réussi à surmonter la crise.
Après un bref dépôt de bilan, le groupe a ressurgi en juin sous la direction de M. Marchionne, mais ses ventes ne décollent pas aux Etats-Unis.
Mardi, alors que Ford, seul constructeur américain à avoir échappé à la faillite, et GM annonçaient que leurs ventes avaient augmenté de respectivement 4,1% et 3,1% en octobre sur un an aux Etats-Unis, celles de Chrysler ont continué à plonger avec un recul de 30%.