L'Agence internationale de l'énergie (AIE) est "très inquiète" de l'impact potentiel que pourrait avoir la flambée des cours du pétrole sur la croissance économique mondiale, a déclaré vendredi à l'AFP un de ses responsables.
"Nous sommes très inquiets de l'impact potentiel (pour la croissance, ndlr) si les prix restaient à ce niveau élevé pendant une longue période", a déclaré David Fyfe, responsable de la division industrie et marché pétroliers de l'AIE.
Le baril de Brent a frôlé les 120 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis août 2008, poussé notamment par la crise libyenne.
"Si les prix du pétrole restaient à 100 dollars le baril en moyenne durant toute l'année 2011, les dépenses pétrolières seraient équivalentes à 5% du Produit intérieur brut" mondial, a-t-il remarqué.
"Quand nous avons atteint ou dépassé ce niveau dans le passé, cela a coïncidé avec un ralentissement de l'activité économique", a ajouté M. Fyfe.
L'AIE représente les intérêts des pays industrialisés.
La crise libyenne "est une situation très sérieuse et toute perte d'approvisionnement sur le marché mondial en raison de troubles politiques est une source d'inquiétude", a estimé M. Fyfe.
Cependant, "à court terme, la marché peut faire face à cette crise", a-t-il assuré, notant que le pétrole libyen pouvait être remplacé par du pétrole venu de la Mer du Nord ou d'autres pays d'Afrique.
"Nous avons entendu dire que l'Arabie saoudite discutait avec ses clients et mettait plus de pétrole" sur le marché, a-t-il aussi remarqué.
En outre, "les raffineurs européens sont en train de mener des opérations de maintenance importantes", ce qui réduit leurs besoins en pétrole brut en février et mars, a-t-il remarqué.
"Il n'y a donc pas de nécessité de recourir aux stocks stratégiques de l'AIE pour le moment", a estimé M. Fyfe.
Les 28 pays industrialisés membres de l'AIE disposent de 1,6 milliard de barils de stocks, soit l'équivalent de 145 jours d'importation.
"Si la situation s'aggravait, nous serions prêt à réagir rapidement", a assuré M. Fyfe.
Cela dépendra "de la durée des ruptures d'approvisionnement et de la quantité de production qui est arrêtée", a-t-il précisé.
Jeudi, l'AIE estimait que 500.000 à 750.000 barils par jour, soit moins de 1% de la consommation mondiale, avaient été retirés du marché du fait de la crise libyenne.
Cette estimation est basée sur les déclarations des compagnies pétrolières occidentales "mais il y a aussi environ 500.000 barils par jour qui sont produits par la société nationale libyenne et l'état de cette production est beaucoup moins bien connue", a indiqué M. Fyfe.
Plusieurs terminaux pétroliers libyens fonctionnaient jeudi, notamment des terminaux en mer, et certains opéraient à des taux réduits, selon lui.
"Même lorsque tout fonctionne normalement, il faut habituellement un ou deux mois pour avoir des données fiables sur le niveau d'exportation du pays tout entier", a-t-il précisé.