Il y a un "risque réel de sortie" de la Grèce de la zone euro en cas de non au référendum annoncé par Athènes sur la proposition d'accord faite par ses créanciers, a prévenu Manuel Valls dimanche, exhortant le gouvernement grec à "revenir à la table des négociations".
"Il est évident que, s'il y avait une réponse négative (au référendum), il y a un risque réel -il faut dire la vérité aussi, non seulement aux Français, aux Européens, mais d'abord aux Grecs puisque c'est eux qui vont voter dimanche prochain (...), de sortie de la zone euro", a déclaré le Premier ministre lors de l'émission Le Grand Rendez vous d'Europe 1-Le Monde-iTELE.
Manuel Valls a assuré que l’économie française "ne serait pas affectée" par une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.
"Une sortie de la Grèce serait grave pour le peuple grec, mais l'économie française ne serait en revanche pas affectée", a affirmé le chef de gouvernement. "Mais je ne veux pas me résoudre à ce scénario, il faut tout faire pour que la Grèce" reste dans l'euro, a appelé M. Valls.
L'annonce vendredi soir par le Premier ministre Alexis Tsipras qu'il allait soumettre à ses compatriotes par référendum la proposition d'accord mise sur la table par les créanciers la veille - qui prévoyait un renflouement contre des réformes qu'il juge inacceptables - a entraîné une cascade d'événements dans le dossier grec.
- "500 millions" d'euros de retraits samedi en Grèce -
Le Parlement grec a fixé le vote au 5 juillet. Mais d'ici là son objet risque d'être caduque. "D'un point de vue juridique, le référendum portera sur des propositions et des arrangements qui ne sont plus valides", a souligné dans une interview télévisée dans la nuit de samedi à dimanche la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.
Les gouverneurs de la BCE devaient décider dimanche s’ils maintiennent les banques grecques sous perfusion malgré l’échec des négociations à Bruxelles.
Les 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE vont vraisemblablement couper le robinet du financement des banques hellènes.
Manuel Valls a jugé dimanche que la Banque centrale européenne ne pouvait "pas couper les vivres" aux Grecs, alors que la France est plutôt dans le camp de ceux qui ont ménagé Athènes.
"La Banque centrale européenne est indépendante mais (...) je ne pense pas qu'elle puisse couper les vivres (aux Grecs) (...). C'est le peuple grec qui souffre. N'en rajoutons pas sur le peuple grec. S'il doit y avoir, et c'est à la BCE de manière indépendante de prendre ses responsabilités, un soutien financier dans les jours qui viennent, c'est sans aucun doute nécessaire", a-t-il déclaré.
"Je vais vous donner un seul chiffre pour illustrer ce qui se passe en Grèce. Un week-end normal, en Grèce, vous avez des retraits autour de 30 millions d'euros. Hier, samedi, ces retraits ont représenté 500 millions, c'est-à-dire sur un week-end, c'est un milliard. Donc il faut bien se rendre compte de l'inquiétude qui existe en Grèce", a argumenté Manuel Valls.