Seize raffineries européennes sur 98 sont aujourd'hui à l'arrêt ou en vente, a déclaré jeudi le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) Jean-Louis Schilansky, évoquant un contexte de demande "très molle" de produits pétroliers.
Parmi ces raffineries, quatre sont à l'arrêt et 12 sont en vente, a précisé M. Schilansky, qui s'exprimait à l'occasion de la publication d'un livre blanc de l'association européenne de l'industrie pétrolière (Europia) sur le raffinage en Europe.
En France, une raffinerie, celle de Total à Dunkerque, est actuellement à l'arrêt, et une autre, celle de Petroplus à Reichstett, près de Strasbourg, est en vente, a-t-il détaillé.
Le secteur du raffinage subit depuis plusieurs mois déjà une crise sans précédent en Europe, qui a fait fondre ses marges sous l'effet d'une chute de la demande due notamment aux politiques écologiques et à la récession économique.
Selon l'Ufip, les 12 raffineries implantées en France ont perdu "plus d'un milliard d'euros en 2009". La marge du secteur --une marge qu'il "subit", a rappelé M. Schilansky et qui résulte de la différence entre le prix du pétrole brut et le prix des produits pétroliers finis-- a chuté à 15 dollars par tonne en 2009, contre 39 dollars en 2008.
"Economiquement, on a beaucoup de mal à comprendre pourquoi des gens rachètent des raffineries aujourd'hui", a estimé M. Schilansky. "Mais il peut y avoir d'autres raisons qui font qu'un opérateur y voit son intérêt", a-t-il ajouté, évoquant notamment la possibilité de mettre la main sur un réseau de stations-service par exemple.
Malgré une légère hausse des marges du secteur au début de 2010, l'Ufip "ne voit pas fondamentalement de redressement de ces marges dans le contexte actuel", a estimé M. Schilansky. "Pour nous, c'est une embellie conjoncturelle, qui est déjà retombée", a-t-il jugé.
En Europe, selon l'Ufip, il faudrait fermer "une quinzaine de raffineries" pour aboutir à un rééquilibrage entre offre et demande.