Christine Lagarde (Economie) et Eric Woerth (Budget) sont passés à l'offensive mardi à l'Assemblée pour défendre le budget 2010 -dit de "sortie de crise"- face à l'opposition, qui s'en est pris aux déficits et à "l'injustice fiscale", ainsi qu'une partie de la majorité.
"Réussir la sortie de crise, c'est d'abord réussir à ce que la reprise, aujourd'hui encore fragile, ne casse pas", a lancé le ministre du Budget Eric Woerth à la tribune de l'Assemblée nationale.
Anticipant les critiques de l'opposition, M. Woerth a d'abord imputé à la seule crise les déficits budgétaire record (116 milliards prévus en 2010, 141 cette année).
"La baisse des recettes et le plan de relance expliquent donc près de 100% de l'augmentation du déficit budgétaire", a-t-il affirmé. "Je ne laisserai pas caricaturer notre action".
En 2010, les dépenses liées au plan de relance devraient baisser de 39 à 4,1 milliards d'euros, a souligné M. Woerth pour expliquer les prévisions de réduction du déficit de l'Etat.
Malgré ces déficits, M. Woerth a rappelé le dogme absolu de la politique budgétaire de Nicolas Sarkozy: pas de hausse d'impôt, ni révision de l'assiette du bouclier fiscal réclamée par deux députés UMP et le Nouveau centre.
"La prochaine étape, lorsqu'on a fait sauter le verrou du bouclier fiscal, c'est faire sauter le verrou des hausses d'impôt pour tout le monde!", a prévenu M. Woerth.
Après le Premier ministre François Fillon, M. Woerth et Mme Lagarde ont aussi invité les collectivités locales à "participer à l'effort de maîtrise des dépenses publiques", l'autre boussole budgétaire du gouvernement.
Les députés, qui sont souvent aussi des élus locaux, s'inquiètent eux d'une baisse de recettes avec la réforme de la taxe professionnelle (TP), principale source de financement des collectivités locales.
"J’ai conscience que les collectivités locales ont aussi besoin de leurs financements. Nous ne réformerons pas la TP sans garantir l’autonomie financière et la stabilité des ressources des collectivités", a déclaré Mme Lagarde.
Elle est brièvement revenue sur la taxe carbone qui reposera sur le principe bonus-malus: "Les bonus est la compensation forfaitaire redistribuée aux ménages. Le malus est constituée par la taxe carbone".
Le rapporteur général du Budget, Gilles Carrez (UMP), a salué la loi de finances "la plus importante du quinquennat" tout en prévenant: "Nous devons absolument nous interdire des baisses d'impôt par de l'endettement".
Le président PS de la commission des Finances, Didier Migaud, a dénoncé "l'injustice fiscale" du gouvernement. L'opposition s'apprête aussi à dénoncer "un budget irresponsable", a indiqué à l'AFP l'orateur principal du PS, Pierre-Alain Muet. "C'est la première fois depuis la deuxième guerre mondiale que le déficit budgétaire représente 50% des dépenses de l'Etat".
M. Muet a aussi estimé que la réforme de la taxe professionnelle était "une réforme imbécile".
A partir de mercredi, les députés et le gouvernement devraient revenir sur des amendements qui vont faire débat: taxe additionnelle sur les banques, abaissement du seuil de contribution des entreprises dans le cadre de la réforme de la taxe professionnelle, et, bien sûr, révision de l'assiette du bouclier fiscal.
Dans quelques semaines, voire quelques mois, les députés se pencheront sur le grand emprunt, dont l'ombre plane déjà sur le budget.