Lufthansa ,le premier groupe aérien d'Europe, a échappé à la catastrophe en arrachant lundi soir une trêve avec ses pilotes, dont le syndicat a appelé à la levée de la grève et à la reprise immédiate de négociations.
La grève sera levée dès minuit (lundi 23H00 GMT) et les pilotes et la direction vont reprendre leurs négociations "immédiatement et sans conditions" préalables, selon un communiqué du conseil des prud'hommes de Francfort (ouest).
Entamée lundi, la grève devait initialement durer pendant 4 jours, ce qui aurait représenté le plus grand mouvement social de l'histoire de Lufthansa. Elle ne durera finalement que 24 heures.
Les quelque 4.000 pilotes de Lufthansa en Allemagne regroupés dans leur syndicat Cockpit ont renoncé à faire grève jusqu'au 8 mars minuit, le temps de trouver un accord avec la direction, selon le conseil des prud'hommes.
perturbations Lundi à 19H00 locales (18H15 GMT), Lufthansa avait assuré 960 vols sur les 1.100 initialement prévus, selon un porte-parole. En période normale, le groupe assure 1.800 vols par jour.
La grève a donné lieu à des perturbations dans les aéroports allemands, notamment à Francfort, mais sans provoquer de chaos. A Paris, environ un quart des vols Lufthansa vers l'Allemagne ont été annulés lundi (sur 29), et un tiers au Royaume-Uni des vols sur près de 180.
Outre les vols Lufthansa, la grève a aussi touché les filiales Germanwings et Lufthansa Cargo (fret). Germanwings a annulé 40 vols sur 160 lundi, selon un communiqué. Lufthansa Cargo a pu assurer de son côté environ 85% de ses vols, selon un porte-parole.
Lufthansa avait saisi au cours de la matinée le conseil des prud'hommes dans l'espoir d'obtenir en référé l'empêchement de la poursuite de la grève, qu'elle jugeait "disproportionnée". La compagnie avait estimé que son manque à gagner était de 25 millions d'euros par jour.
La suspension de la grève lui offre donc un répit inespéré, mais la reprise des négociations, dans l'impasse depuis un an, s'annonce cependant difficile. Les pilotes allemands veulent obtenir des garanties sur l'emploi et une harmonisation des tarifs au sein du groupe.
Cockpit accuse le groupe d'assurer de plus en plus de liaisons par ses filiales régionales comme CityLine, ou étrangères comme Swiss ou BMI, aux coûts opérationnels moins élevés, et craint à terme des suppressions d'emplois en Allemagne.
"L'accord salarial du groupe est valable pour tous, de notre point de vue", a expliqué à l'AFP Jörg Handwerg, le porte-parole de Cockpit. "Ce n'est pas une question de salaires, c'est une question juridique", a-t-il insisté.
Mais le groupe, malmené l'an dernier par la crise du secteur aérien, tout en ayant mené une audacieuse politique d'achat, veut économiser un milliard d'euros d'ici fin 2011.
Les pilotes estimaient avoir déjà fait de nombreux efforts, notamment en renonçant à des revendications de hausses de salaires.
Le mouvement de grève a été sévèrement critiqué dans les milieux économiques. Dans le quotidien Berliner Zeitung, le président de la fédération des chambres de commerce et d'industrie DIHK, Martin Wansleben, l'a qualifié d'"irresponsable", l'économie allemande se remettant doucement de la récession.
En outre, les pilotes de Lufthansa en Allemagne disposent de salaires enviables par rapport à la concurrence : un pilote débutant touche environ 60.000 euros brut par an, un capitaine environ 110.000 euros par an, peut-on lire sur le site internet de la compagnie.