La bataille pour les licences de téléphonie mobile de quatrième génération a officiellement été lancée mercredi en France, mais le suspense reste entier quant au nombre d'opérateurs prêts à débourser des dizaines de millions d'euros pour s'attribuer ces "fréquences en or".
L'Etat a en effet fixé à 2,5 milliards d'euros le prix de réserve - soit le niveau minimum pour les enchères - pour les 18 lots de fréquences qui sont mis sur le marché.
"La 4G est une nouvelle étape de la révolution numérique. Elle permettra de multiplier par cinquante le débit de l'internet mobile", a résumé Bercy en annonçant la publication au Journal officiel de l'appel à candidatures.
Selon le décret et les quatre arrêtés publiés, les candidats doivent déposer leur dossier auprès de l'autorité de régulation des télécoms (l'Arcep) avant le 15 septembre pour les fréquences de 2,6 GHz, et avant le 15 décembre pour la bande 800 MHz.
Les licences pour les fréquences hautes (2,6 MHz, réservées aux zones urbaines) seront attribuées à l'automne, tandis que les fréquences basses (800 MHz, plus adaptées aux zones rurales) le seront début 2012.
Une partie des fréquences mises sur le marché étaient jusqu'à présent réservées à des usages audiovisuels, mais ont été "libérées" en raison du basculement vers la télévision numérique terrestre.
"Les fréquences basses, rares, sont aussi appelées les +fréquences en or+ car elles peuvent se propager loin dans l'atmosphère: historiquement elles ont commencé à être utilisées pour la radio et par les militaires. Elles sont plus intéressantes pour les opérateurs pour couvrir le territoire car elles nécessitent beaucoup moins de relais", explique à l'AFP un spécialiste du secteur.
C'est donc logiquement la bande la plus chère: les quatre lots mis aux enchères par l'Etat totalisent 1,8 milliard d'euros.
"Il est fort possible que les opérateurs cachent leur jeu jusqu'au dernier moment, jusqu'à la clôture des candidatures, pour ne pas dévoiler leur stratégie et surtout les sommes qu'ils mettent sur la table", estime ce spécialiste.
Actuellement, trois opérateurs disposent d'une licence mobile 3G: France Télécom, SFR (groupe Vivendi), Bouygues Telecom, tandis qu'Iliad (Free) deviendra dans les prochains mois le quatrième opérateur.
Ils peuvent potentiellement tous répondre à l'appel d'offres pour la nouvelle génération de fréquences, tout comme des candidats qui ne seraient pas des opérateurs télécom.
Reste à savoir quelles seront les capacités d'investissement des entreprises: car alors que le gouvernement avait cité dans le cadre du débat sur les finances le chiffre de 2 milliards d'euros, la somme était passée à 2,5 milliards en mai dernier.
"Ces prix de réserve sont beaucoup trop élevés, c'est excessif, il va falloir mettre encore plus d'argent, alors qu'au même moment on nous demande des investissements toujours plus importants, dans la fibre optique notamment", a confié un responsable d'un grand opérateur qui préfère garder l'anonymat, mais se dit "fort mécontent".
Le cahier des charges prévoit notamment l'obligation pour les opérateurs retenus de couvrir 99,6% d'ici 15 ans pour le 800 MHz.
A titre de comparaison, un tel niveau de couverture de la population a été atteint il y a seulement deux ans pour la 2G (soit le GSM), et ne sera atteint que fin 2013 pour la 3G actuellement utilisée par les téléphones multifonctions.