PARIS (Reuters) - Les candidats à la primaire de la droite canonnent François Hollande vendredi, jour anniversaire de l'élection du socialiste à l'Elysée, en confrontant notamment le "Ça va mieux" du chef de l'Etat à des indices conjoncturels selon eux rédhibitoires.
Les jeunes Républicains ("NouS les jeunes"), qui soutiennent Nicolas Sarkozy, devaient déposer au Bourget, où François Hollande prononça le discours emblématique de sa campagne le 22 janvier 2012, une gerbe pour dénoncer les promesses non tenues du quinquennat.
Sur les réseaux sociaux, avec pour Twitter les hashtags #ÇaVaMieux #6Mai #Déjà4Ans #PlusQuUnAn, ils fustigent tour à tour l'"antisarkozysme primaire" et "le détricotage de tout ce qui a marché sous Nicolas Sarkozy" (heures supplémentaires défiscalisées, peines planchers, retraite à 62 ans, etc.), la "girouette Hollande" (déchéance de nationalité, loi Travail détricotée..), l'aggravation du chômage ou encore le "matraquage fiscal".
L'équipe d'Alain Juppé a choisi l'humour, avec pour égérie Marylin Monroe susurrant "Happy birthday Mister President" le 19 mai 1962 au président américain John F. Kennedy, pour clamer "Vivement 2017".
Un clip alterne les déclarations optimistes de François Hollande le 14 avril sur France 2, où le chef de l'Etat avait estimé notamment que "Ça va mieux" en France, avec des chiffres le contredisant sur les hausses d'impôts, l'alourdissement de la dette, les inégalités scolaires, le chômage des jeunes, le mal-logement etc.
Une voix-off conclut : "Alors, on continue ou on change?", en invitant à voter à la primaire de la droite des 20 et 27 novembre.
"HOLLANDE N'EST PAS MORT"
Les "Jeunes avec BLM", soutiens de Bruno Le Maire, parodient pour leur part le slogan "Hé oh la gauche!" lancé par le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll pour défendre le bilan du quinquennat en déclinant un "#HéHollande" au fil de cinq vidéos opposant là encore les déclarations du président à des chiffres négatifs.
Hervé Mariton, l'un des candidats à la primaire de la droite, a mis en garde vendredi contre un enterrement prématuré de François Hollande, qui a fait un pas cette semaine vers une candidature en 2017.
"Une élection n'est jamais gagnée d'avance. (...) Restons très vigilants, la gauche n'est pas morte, Hollande n'est pas mort", a-t-il dit.
"La réalité est cependant que la France, quand il en rendra les clés en 2017, sera dans un état très dégradé par rapport à 2012", a-t-il ajouté.
Le député Front national Gilbert Collard a déploré sur iTELE la "dynamique molle" de "toutes les décisions qui ont été prises" depuis 2012.
"Il doit y avoir deux ou trois choses de bonnes mais il faudrait que je fasse une retraite dans un monastère pour trouver", a-t-il ironisé.
Même à gauche, Benjamin Lucas, président du Mouvement des Jeunes socialistes (MJS), a regretté sur France Info que François Hollande ait "fracturé la gauche" avec la réforme constitutionnelle - avortée - sur la déchéance de nationalité et le projet de réforme du Code du travail en cours d'examen à l'Assemblée.
"LA TÊTE DANS LE GUIDON"
"Beaucoup de mauvais esprits comparent souvent ce qui se passe en ce moment au Titanic, sauf qu'avec cette loi, j'ai l'impression qu'on est train nous-mêmes de créer l'iceberg. Et je ne voudrais pas que ça nous conduise à la catastrophe en 2017", a-t-il dit à propos du projet de loi El Khomri.
Dans un entretien sur Public Sénat, Manuel Valls défend le bilan de l'exécutif et juge possible une victoire de François Hollande l'an prochain, malgré une impopularité record.
"Ce n'est pas une folie de croire qu'il peut être réélu en 2017", affirme le chef du gouvernement.
Razzy Hammadi, député et porte-parole du PS, a estimé sur LCI qu'il était trop tôt pour dresser le bilan de l'action de François Hollande mais il a voulu défendre des avancées.
"Il y a des signes positifs sur le front du chômage" a-t-il souligné. Interrogé sur l'impopularité croissante du chef de l'Etat, il a répondu : "La défiance, elle ne date pas d'aujourd'hui" à l'égard des gouvernants.
Dans un sondage Elabe diffusé jeudi, François Hollande enregistre le plus bas niveau de confiance (16%) depuis son élection.
"Il est peut-être important d'appuyer sur le bouton 'pause' parce qu'il y a un décalage" entre l'action du gouvernement et la perception des Français, a reconnu sur RTL Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au Numérique.
"Nous, très franchement au gouvernement, on a la tête dans le guidon. (...)Finalement, tout ce qu'on fait, est-ce que c'est lisible, est-ce que ça apparaît comme cohérent aux yeux de nos concitoyens?", s'est-elle interrogée.
(Sophie Louet, avec Elizabeth Pineau)