La Bourse de Paris devrait évoluer dans des marges étroites la semaine prochaine, au vu des statistiques qui s'annonçent mitigées notamment sur le front de l'emploi américain et des inquiétudes persistantes sur les dettes souveraines en zone euro.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a cédé 1% pour terminer vendredi à 3.950,98 points.
"La Bourse est incapable de prendre une direction franche et durable. Cette situation semble appelée à durer tant que les investisseurs n'auront pas le sentiment d'avoir plus de visibilité sur l'évolution future de l'économie", résument Cyril Charlot et Emeric Préaubert de Sycomore Asset Management.
Cette semaine, "les séances ont été encore en dents de scie. Seule évolution, la macroéconomie a repris le dessus en l'absence de véritable relais du côté des entreprises", commente pour sa part Isabelle Enos, gérante d'actions chez B* Capital (groupe BNP Paribas).
Les futurs changements à la direction du Fonds monétaire international (FMI) ont agité quelque peu les salles de marché.
Et, le fait qu'un consensus semble se dessiner sur un directeur européen, et en particulier autour de la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, "a sans doute empêché un recul plus net de la Bourse de Paris après la publication de statistiques américaines en demi-teinte", estime Mme Enos.
La croissance américaine --qui a nettement ralenti à 1,8% en rythme annuel au premier trimestre contre 3,1% sur les trois derniers mois de 2010-- a ravivé les doutes sur la vigueur de la première économie mondiale. D'autant que, malgré tous les efforts consentis par l'Etat fédéral, l'immobilier et l'emploi restent les deux talons d'Achille des Etats-Unis.
"Certains investisseurs anticipent désormais, au vu de ces indicateurs moroses, une possible mise en place d'un nouvel assouplissement monétaire" par la Réserve fédérale américaine, selon les analystes de Saxo Banque.
La salve de statistiques attendues outre-Atlantique la semaine prochaine pourrait les conforter dans leur pessimisme.
Les chiffres de l'emploi pour le mois de mai seront publiés vendredi. En attendant, le marché suivra l'indice de confiance des consommateurs, les indices ISM dans l'activité manufacturière et les services ainsi que les commandes dans l'industrie. En zone euro, l'inflation en mai est attendue mardi.
La question de la dette souveraine restera aussi au premier plan des préoccupations alors que les agences de notation font de plus en plus pression sur les pays englués dans des endettements massifs. Standard & Poor's a menacé d'abaisser la note de l'Italie tandis que Fitch a de nouveau dégradé celle de de la Grèce.
Hors zone euro, le Japon est aussi sur la sellette, Fitch ayant également menacé de baisser sa note à moyen terme.
Face à toutes ces incertitudes, il y a de grande chance pour que "le CAC 40 évolue peu, restant cantonné entre les 3.900 et les 4.100 points sur les prochaines séances", selon Mme Enos.
Une annonce sur la Grèce pourrait toutefois "permettre de retirer la chappe de plomb qui pèse sur le marché", ajoute-t-elle.
Et, "si la Chine confirme qu'elle va venir en aide au Portugal, cela sera un facteur très important car on aurait un support extérieur à la zone euro", estime Wilfrid Pham, directeur de la gestion actions chez Natixis AM.
Pékin envisagerait en effet, selon des informations de presse, d'acquérir une "bonne part" des titres destinés à financer le Portugal lorsque le Fonds européen de stabilité financière (FESF) commencera à les émettre le mois prochain.
La Bourse de Paris démarrera en tous les cas la semaine en douceur alors que Wall Street et la bourse de Londres resteront fermées lundi.