Après des mois d'incertitude, le constructeur et équipementier automobile Heuliez, en difficultés financières, s'est déclaré mardi en cessation de paiement pour tenter de sortir d'une situation de plus en plus confuse et trouver un repreneur capable de sauver l'entreprise.
Une audience est prévue mercredi au tribunal de commerce de Niort, avec les dirigeants et les syndicats.
Cette décision va permettre "d'examiner de manière tout à fait transparente un certain nombre d'offres qui ont d'ores et déjà été déposées", a déclaré le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, interrogé par l'AFP. Parlant de "nouvelle phase du calendrier", le ministre a jugé ces offres "crédibles", mais "il appartiendra au tribunal de commerce de confirmer", a-t-il ajouté.
Le tribunal devrait placer rapidement la société en redressement judiciaire et ensuite étudier les dossiers des investisseurs. Il pourrait après donner le non du repreneur pour éviter une liquidation judiciaire et la fin d'Heuliez.
"Financièrement, cela devient impossible. Il y a longtemps que je recommande aux dirigeants de déposer le bilan", avait déclaré la semaine dernière à l'AFP le mandataire ad hoc Régis Valliot, en précisant que ce dépôt aurait lieu lundi.
La direction d'Heuliez y a renoncé au dernier moment. Le 6 mai, elle avait déjà prévu de déposer une demande de redressement judiciaire, mais y avait renoncé, arguant de nouvelles offres d'un repreneur.
"La direction nous a annoncé en fin de matinée avoir déposé une déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal de commerce et qu'une audience était prévue mercredi", ont indiqué mardi les syndicats.
Les dirigeants ont devancé une décision du tribunal qui, las d'attendre, avait l'intention de prononcer une saisine d'office le 26 mai, lors d'une réunion de suivi.
"On commence à en avoir assez de ces tergiversations. Maintenant, il faut discuter, avancer et trouver une solution", a déclaré à l'AFP Jean-Emmanuel Vallade, délégué syndical CFE-CGC.
C'est l'avis du mandataire pour qui "il faudra sortir rapidement du redressement judiciaire pour remettre enfin Heuliez sur des rails solides".
Le redressement judiciaire avec poursuite d'activité permettrait à Heuliez de gagner du temps pour finaliser les discussions avec un investisseur, plus enclin à se prononcer sachant désormais qu'il n'aura pas à reprendre le passif d'un montant de 15 millions d'euros.
Mais les protagonistes du dossier ne sont pas d'accord sur le meilleur repreneur. Quatre investisseurs sont sur les rangs pour reprendre Heuliez, propriété toujours du groupe Bernard Krief Consulting (BKC), incapable d'apporter les fonds.
Il y a le fonds d'investissements asiatique Delamore and Owl Group qui a proposé 25 millions d'euros et discute toujours avec la direction, favorable à ce projet, un fonds américain, une association de deux investisseurs français et allemand, solution prisée par le mandataire, car "industrielle et non financière" et l'homme d'affaires turc, Alphan Manas.
Les 600 salariés d'Heuliez, basée à Cerizay (Deux-Sèvres), ballottés depuis des mois entre faux espoirs et promesses non tenues, espèrent une solution rapide pour mettre fin à une "situation de plus en plus difficile à vivre".